Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a fait part de ses « interrogations » aujourd’hui sur l’établissement d’une zone tampon ou de sécurité dans le nord de la Syrie, suggérée par la Turquie et le président américain Donald Trump.
« On est interrogatif sur cette démarche », a-t-il relevé devant la commission des Affaires étrangère du Sénat. « Peut-être sera-t-elle éclaircie lors de la réunion de la coalition (internationale antijihadiste) le 6 février) à Washington », a-t-il ajouté.
Le 13 janvier, Donald Trump a appelé à la création d’une « zone de sécurité » de 30 km en Syrie. Pour son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, la Turquie doit se charger de cette initiative. « Il faut que nous discutions sur le périmètre, les garants, quelle sera la surveillance », a poursuivi le chef de la diplomatie française, en soulignant que 30 km en territoire kurde, cela « peut créer un problème ». Les Kurdes rejettent une « zone de sécurité » sous contrôle turc. La Russie estime pour sa part que le nord de la Syrie doit passer sous contrôle du régime syrien.
« Que la Turquie demande à assurer la sécurité de ses frontières (pour éviter des incursions de groupes armés sur son territoire), c’est normal », a déclaré Jean-Yves Le Drian. « Ceci étant, nous considérons (…) que les Kurdes doivent être respectés aujourd’hui et demain », a-t-il ajouté. Le sort de la milice kurde Unités de protection du peuple (YPG), alliée des Occidentaux dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie, est remis en question depuis la décision de Donald Trump de retirer les 2.000 soldats américains déployés dans les zones qu’elle contrôle.
Le chef de la diplomatie française a souligné que la coalition allait se priver d’un « levier » en Syrie, notamment dans la recherche d’une solution politique, une fois les Américains partis. Elle en gardera un sur la reconstruction de la Syrie et au Conseil de sécurité de l’ONU où la France et les Etats-Unis continueront à avoir un droit de regard sur le processus politique lancé notamment par les Russes, a-t-il ajouté. « La reconstruction ne peut pas se faire avec les financements russes ou syriens. S’il n’y pas l’Europe ou d’autres puissances au rendez-vous de la reconstruction, elle ne se fera pas ! », a déclaré Jean-Yves Le Drian.