Sur le fond de la crise vénézuelienne, le pape arrive au Panama

Le pape François est arrivé mercredi au Panama pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), au moment où le continent américain connaît une brusque montée de tension liée à la situation au Venezuela.

Pendant que le souverain pontife volait au-dessus de l’Atlantique, Juan Guaido, le chef du Parlement vénézuélien contrôlé par l’opposition, s’est autoproclamé « président » par intérim de ce pays en crise, et a immédiatement été reconnu par les Etats-Unis et ses alliés dans la région, le Brésil et la Colombie.

Après cette annonce, des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et partisans de l’opposition à Caracas, selon des journalistes de l’AFP. En réponse, le président socialiste Nicolas Maduro a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis, donnant 72 heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays.

Sur le parcours vers la nonciature apostolique (ambassade), où le pape va passer la nuit, un jeune portant un drapeau jaune bleu et rouge du Venezuela s’est précipité vers la voiture papale, l’obligeant à faire un brusque écart pour l’éviter, pendant que des gardes du corps aux lunettes noires sortaient des véhicules.

Parmi les dizaines de milliers de personnes qui s’étaient massées le long des 29 km du trajet pour saluer le passage du souverain pontife, un pèlerin brandissait une pancarte: « Priez pour le Venezuela », à côté d’images de la Vierge et de drapeaux des pays représentés.

Le Venezuela est confronté à sa crise la plus grave depuis les violentes manifestations de 2017 qui avaient fait 125 morts dans ce pays pétrolier, considéré comme stratégique.

« Je pense que le pape devrait faire un appel à l’union au Venezuela (…) il devrait en faire un peu plus pour que le monde voie la pression du Vatican » sur le gouvernement de Caracas, a déclaré à l’AFP John Gallego, Vénézuélien de 31 ans arrivé au Panama samedi.

François a posé le pied sur le sol panaméen peu après 16H30 locales (21H30 GMT). A sa descente de l’avion, il a brièvement bousculé le protocole pour un premier bain de foule improvisé.

Le pape est arrivé à la nonciature apostolique vers 18H00 locales (23H00 GMT), il doit reprendre son programme jeudi.

Le souverain pontife reste jusqu’à dimanche au Panama, en Amérique centrale, région d’où partent régulièrement des milliers de migrants vers les Etats-Unis, au grand dam de Donald Trump qui ne cesse de réclamer la construction d’un mur à la frontière mexicano-américaine.

Le thème des migrants a d’ailleurs été évoqué en vol avec les journalistes. « C’est la peur qui nous rend fous », a commenté le pape François, répondant à un reporter qui évoquait, en la qualifiant de « folie » ce projet.

Bain de jouvence

Pour le premier pape latino-américain de l’Histoire, ce bain de jouvence sur ses terres ressemble à une parenthèse au milieu d’une cascade de scandales d’abus sexuels secouant l’Église.

Le pape, âgé de 82 ans, a également annoncé dans l’avion qu’il se rendrait en novembre au Japon, où il souhaitait aller comme missionnaire durant sa jeunesse.

« On aimerait qu’il y ait, au Salvador, davantage de frontières d’amour, de paix et d’amitié. Le pape François nous dit toujours cela: au lieu de dresser des murs, il veut que nous construisions des ponts », raconte à l’AFP Carlos Gil, pèlerin salvadorien.

Après Rio en 2013, l’année de son élection, Cracovie en 2016, Jorge Bergoglio, assistera aux troisièmes JMJ de sa papauté dans ce petit pays de quatre millions d’habitants. 250 confessionnaux ont été installés dans un parc du centre de Panama, rebaptisé « jardin du pardon ».

Autre dossier majeur sur ce continent qui compte le plus de catholiques au monde: la progression des églises évangéliques.

Ce septième voyage du pape argentin en Amérique latine comprendra jeudi des rencontres avec les autorités gouvernementales puis avec les évêques d’Amérique centrale, avant un premier bain de foule avec des jeunes. D’ici à son départ dimanche, François se rendra aussi dans un centre accueillant des jeunes atteints du sida et dans une prison pour mineurs.

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