«Que penseriez-vous si la Russie demandait de discuter au Conseil de sécurité de la situation en France ?
Et des « gilets jaunes » qui sont descendus dans les rues par milliers encore ce week-end?», a suggéré aujourd’hui l’ambassadeur russe à l’ONU Vassily Nebenzia à son homologue allemand Christoph Heusgen, pour qui discuter du Venezuela relève de la « diplomatie préventive ». Une sortie russe qui a ulcéré la France.
L’échange aigre-doux entre les deux diplomates russe et allemand avait débuté par une adresse directe du deuxième au premier, soulignant que la réunion du Conseil sur le Venezuela n’avait pas été demandée par les seuls États-Unis mais aussi par la Pérou et la République dominicaine, membres non permanents.
«Je rassure la représentante de la France (Anne Gueguen, ambassadrice adjointe présente), nous n’avons pas l’intention de saisir le Conseil de sécurité de cette situation», a toutefois aussitôt ajouté l’ambassadeur russe. «Nous demandons de respecter les autorités légitimes, de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des pays, de ne pas imposer des solutions de l’extérieur mais d’aider les Vénézuéliens à régler leurs problèmes par des moyens pacifiques», a-t-il précisé. «Il a parlé de 22.000 manifestants en France mais pas des 3,3 millions de Vénézuéliens qui ont fui leur pays», a relevé le diplomate allemand, Christoph Heusgen.
Cette évocation des «gilets jaunes» a fortement déplu à la France, qui n’a cependant pas pris la parole pour répondre publiquement sur ce sujet lors du débat au Conseil de sécurité. «De quel droit la France et d’autres posent un ultimatum de 8 jours» pour convoquer des élections au Venezuela, s’est insurgé Jorge Arreaza. «Macron, au lieu de se pencher sur les « gilets jaunes » vient parler du Venezuela». «Mêlez-vous de vos affaires!», a lancé le ministre vénézuélien à son intention.
«Les remarques russes et vénézuéliennes sur la France et les « gilets jaunes » sont déplacées et hors sujet», s’est toutefois emporté un diplomate français sous couvert d’anonymat, dans une déclaration faite en marge de la session onusienne. «Suggérer une comparaison avec les « gilets jaunes » est complètement inapproprié et hors sujet. Les élections en France sont démocratiques et nous traitons de notre situation intérieure dans le respect de l’État de droit et le dialogue», a asséné cette source française.