Washington adapte le scénario libyen au Venezuela où il a apporté son soutien au «Président par intérim» autoproclamé Juan Guaido, estime l’analyste cubain Jorge Leganoa.
Le scénario que les États-Unis réalisent au Venezuela est «le même» que celui qu’ils ont utilisé en Libye pendant l’opération controversée de 2011, a déclaré Jorge Leganoa, analyste et vice-président de l’Union des journalistes de Cuba (UPEC).
«Les États-Unis torpillent toutes les actions visant à rétablir la paix et à nouer un dialogue entre l’opposition et le gouvernement vénézuélien», a indiqué M.Leganoa.
Dans ce contexte, les réseaux sociaux sont un incubateur de «fausses nouvelles» et le principal vecteur de leur diffusion, d’après lui.
«Quand il y a eu une marche chaviste aussi ou même plus importante que celle de l’opposition, on n’en a pas parlé, tout comme […] de la situation économique. En plus, on ne dit pas qu’il y a des gens qui travaillent et qui cherchent à construire un pays différent», a ajouté l’analyste.
Le projet WikiLeaks a récemment comparé sur Twitter la situation qui s’est créée en Libye en 2011 et les événements en cours au Venezuela, demandant aux internautes si la crise dans ce pays d’Amérique latine aurait les mêmes conséquences que la crise en Libye en 2011. 37% des abonnés de la page ont estimé que le Venezuela serait «la Libye de Trump», alors que 30% se sont dit persuadés que la CIA serait «compétente cette fois».Selon M.Leganoa, le Président Nicolas Maduro a dénoncé depuis longtemps les activités destructrices de Washington, mais a finalement décidé d’expulser les diplomates américains de Caracas.
«Cette décision aura été dure à prendre, les relations diplomatiques n’ont jamais été complètement rompues même aux moments les plus difficiles de l’époque Hugo Chavez», a noté l’expert.
M.Maduro a donné 72 heures aux diplomates américains pour quitter le Venezuela, mais ils sont toujours sur le sol vénézuélien. L’administration Donald Trump leur a indiqué de se soumettre uniquement aux décisions de Juan Guaido qu’elle reconnaît comme «Président par intérim» du Venezuela.
«Cette situation est très grave parce qu’elle empêche les deux pays de mener un dialogue et bien pire, elle met en avant les jeunes de l’opposition vénézuélienne qui sont descendus dans la rue», a estimé l’analyste avant de noter que c’était complètement illégitime.
M.Leganoa a rappelé qu’en avril 2018, lors du VIIIe Sommet des Amériques à Lima, le vice-Président des États-Unis Michael Pence avait offert un financement aux pays qui accueilleraient les émigrés vénézuéliens.«Les États-Unis ont instrumentalisé les exilés pour parler d’une crise politique dans le pays et le gouvernement vénézuélien a dû réagir. Nous avons vu des Vénézuéliens rentrer dans leur pays au cours des dernières semaines et des derniers mois», a dit M.Leganoa.
Mais l’administration de Donald Trump a continué de faire monter la tension, elle a encouragé des marches contre Nicolas Maduro et a reconnu Juan Guaido comme «Président par intérim», ajoute-t-il.
«L’autoproclamation de Guaido était un acte inconstitutionnel. La Constitution du Venezuela indique très clairement qu’on prête serment en tant que Président devant l’Assemblée nationale du pays ou la Cour suprême», a-t-il rappelé.
L’opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l’Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s’est autoproclamé mercredi «Président en exercice» du pays et a prêté serment pendant une manifestation à Caracas. Donald Trump l’a reconnu comme «Président par intérim».
Nicolas Maduro a estimé que les États-Unis avaient essayé d’organiser un coup d’État au Venezuela et a rompu les relations diplomatiques avec ce pays, donnant 72 heures à ses diplomates pour quitter le territoire vénézuélien. M.Maduro a qualifié M.Guaido de Président non-constitutionnel.