Egypte : Macron célèbre la passion française pour le pays des Pharaons

Emmanuel Macron sur les traces des secrets de l’Egypte. Dimanche 27 janvier, le président français a découvert le pays par les célèbres temples d’Abou Simbel, une visite témoignant de la fascination que continue à exercer le pays des Pharaons sur les Français, toujours très actifs sur le terrain archéologique deux siècles après Champollion.

C’est dans une étrange atmosphère que le chef de l’Etat et son épouse Brigitte ont atterri dans l’extrême-sud de l’Egypte: un puissant vent de sable venu du Sahara, le khamsin, recouvrait d’un épais brouillard jaunâtre le lac Nasser et les immenses statues du pharaon Ramsès II à l’entrée du Grand Temple. La solennité des lieux était accentuée par l’absence de touristes, le site ayant été fermé pour l’occasion par les autorités égyptiennes.

Opération inédite

En s’y rendant, Emmanuel Macron a voulu célébrer, avec quelques mois de retard, le 50e anniversaire du sauvetage des deux temples d’Abou Simbel, « la plus grande opération archéologique du XXe siècle », a expliqué le ministre égyptien des Antiquités, Khaled el-Enany, qui a guidé la visite.

En septembre 1968, s’était achevé le chantier colossal de démontage et de réédification de ces temples pour éviter qu’ils ne soient submergés par la montée des eaux du Nil avec la construction du barrage d’Assouan en aval. « Ce sauvetage a été une grande histoire de solidarité internationale puisqu’une cinquantaine de pays y ont participé », a souligné Khaled el-Enany, lui-même archéologue.

La France, une place de choix

Grâce à cette opération pilotée par l’Unesco avec l’aide de la France, les deux temples ont été découpés en 1 035 blocs pesant chacun de 20 à 30 tonnes. Puis, à l’aide de grues et de treuils d’une exceptionnelle puissance, ces blocs ont été élevés jusqu’à 64 mètres de haut et assemblés à nouveau pour reconstituer exactement les temples au sommet de la falaise. Un demi-siècle plus tard, la France reste « le premier partenaire archéologique de l’Egypte », selon Nicolas Grimal, professeur au Collège de France, invité à Abou Simbel. Un rôle de pionnier qu’elle cultive depuis le début de l’égyptologie moderne, lancée par Champollion au début du XIXe siècle.

« L’Egypte antique est depuis longtemps dans l’imaginaire des Français, fascinés par le monde des pharaons, le mystère des pyramides… Et cela perdure », témoigne Nicolas Grimal. Aujourd’hui, trois institutions françaises publiques, dont l’Institut français d’archéologie orientale (IFAO), emploient 250 personnes en Egypte, dont une trentaine de Français, et quelque 650 chercheurs y viennent chaque année. Elles mènent des chantiers de fouilles sur les principaux sites, comme Karnak ou Louxor (sud), mais aussi dans le delta du Nil ou le désert oriental.

Des nouvelles fouilles ?

Parmi les récentes découvertes importantes, figurent, celle, par une mission de l’IFAO et de l’Université de Strasbourg, de deux sarcophages datant de la XVIIIe dynastie dans une tombe de la nécropole d’Al-Assassif, à Louxor. L’un d’eux contenait la momie « bien conservée » d’une femme.

Durant cette première visite en Egypte, Emmanuel Macron devrait appeler les autorités égyptiennes à accorder aux Français un nouveau chantier de fouilles, celui du temple de Serapis, sur l’immense site de Saqqarah, au sud du Caire. Les archéologues français travaillent également à fouiller et remettre en valeur le site pharaonique de Tanis, à 150 km du Caire. Les Français sont aussi encouragés à remonter et valoriser le site de Thanis, à 150 km au nord de la capitale. Un consortium franco-égyptien postule par ailleurs à la valorisation du grand Musée égyptien qui doit voir le jour au pied des pyramides de Guizeh.

« L’archéologie est au coeur des relations franco-égyptiennes »

Le Louvre devrait de son côté être retenu, avec d’autres musées européens, pour l’ambitieuse rénovation du vénérable musée archéologique de la place Tahrir, dont le premier conservateur avait été le Français Auguste Mariette en 1858. La décision devrait être annoncée la semaine prochaine, selon sa directrice générale, Sabah Abdel Razek.

« L’archéologie est au coeur des relations franco-égyptiennes », a rappelé l’Elysée avant la visite d’Emmanuel Macron, qui doit rencontrer lundi son homologue Abdel Fattah al-Sissi avec l’ambition de renforcer « le partenariat stratégique » entre les deux pays.

La passion française pour l’égyptologie devrait être renouvelée avec l’exposition « Toutankhamon, le trésor du pharaon », qui débute le 23 mars à La Villette à Paris. Une précédente exposition, en 1967, avait attiré plus de 1,2 million de visiteurs au Petit Palais, un succès historique.

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