Une grave crise politique a éclaté au Venezuela après la reconnaissance par Donald Trump de l’opposant Juan Guaido «Président en exercice» du pays qui a déjà un Président constitutionnel en la personne de Nicolas Maduro. Dia Nader de El-Andari, chargée d’affaires du Venezuela en Serbie, a commenté la situation actuelle dans son pays.
On voit se produire au Venezuela la même chose qui s’est déjà produite en Libye et ensuite en Syrie. Un nouveau gouvernement est formé à l’étranger et ensuite les États-Unis et l’UE font pression sur d’autres pays pour qu’ils reconnaissent ce nouveau gouvernement, a déclaré Dia Nader de El-Andari, diplomate vénézuélienne en poste en Serbie depuis 2011 et ancienne ambassadrice du Venezuela en Syrie, commentant l’actuelle situation dans son pays.
«Ce qui se produit en ce moment au Venezuela, ce n’est pas une crise politique, mais ce sont les conséquences de la crise économique provoquée par les États-Unis et l’Union européenne», a souligné l’interlocutrice de l’agence.
Et de rappeler que tout cela avait commencé bien avant l’élection de Nicolas Maduro au poste de Président du Venezuela, c’est-à-dire à l’époque où Hugo Chavez dirigeait encore le pays.
«Et aujourd’hui, nous voyons les États-Unis s’appliquer ouvertement, sans aucun camouflage, à renverser les gouvernements de différents pays du monde, y compris dans notre pays. Il y a à peine quelques jours encore, le vice-Président américain Mike Pence a ouvertement appelé les forces armées vénézuéliennes à intervenir contre leur Président [Nicolas Maduro, ndlr]», a poursuivi la diplomate.
Selon cette dernière, ce à quoi se livrent à présent les États-Unis et les pays de l’UE est une violation des principes du droit international.
«Tout comme mon gouvernement, je considère comme des traîtres l’opposition vénézuélienne qui appelle à une invasion étrangère dans le pays et ce, pour cette simple raison que le Président Maduro est allé aux élections, exigées d’ailleurs par cette même opposition, et que presque 7 millions de Vénézuéliens ont voté pour lui», a indiqué Dia Nader de El-Andari.
Et de relever que Nicolas Maduro ne cessait d’appeler au dialogue et à une résolution pacifique du conflit.
«On ne peut que déplorer que les États-Unis, l’UE et certains autres pays reconnaissent une personne qui n’a pas été élue au poste de Président du Venezuela dans le respect de la loi. […] Nous ne voulons pas qu’il nous arrive ce qui s’est produit en Syrie», a résumé l’interlocutrice.
L’opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l’Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s’est autoproclamé mercredi «Président en exercice» du pays et a prêté serment pendant une manifestation à Caracas. Donald Trump l’a reconnu comme «Président par intérim». La décision de M.Trump a été soutenue par le Canada et la plupart des pays latino-américains.
Nicolas Maduro a estimé que les États-Unis avaient essayé d’organiser un coup d’État au Venezuela et, le 23 janvier, a rompu les relations diplomatiques avec ce pays, donnant 72 heures à ses diplomates pour quitter le territoire vénézuélien. M.Maduro a qualifié M.Guaido de Président non constitutionnel. La Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie et le Mexique ont exprimé leur soutien au Président Maduro.