Après la visite culturelle au temple d’Abou Simbel, l’un des sites archéologiques emblématiques de l’Egypte, l’heure est venue pour le président français Emmanuel Macron de rencontrer son homologue égyptien Abdel Fatah al-Sissi.
Il est attendu au palais présidentiel du Caire pour un tête-à-tête et la signature d’une trentaine d’accords et de contrats commerciaux pour quelques centaines de millions d’euros selon l’Elysée.
Emmanuel Macron veut resserrer les liens avec al-Sissi, malgré la dérive autoritaire du président égyptien. Il n’est pas question de rompre toute forme de coopération, cela conduirait l’Egypte vers la Russie ou d’autres puissances qui n’attendent que cela affirme le président français.
Et pourtant si la France voit en al-Sissi un facteur de stabilité dans la région, les ONG de défense des droits de l’homme ont d’ors et déjà leur opinion sur cette visite, et les répercussions peuvent être graves :
« Le Président Macron se rend en Egypte à un moment où la plus grande question en suspens est l’amendement de la constitution qui doit permettre au président Abdel Fattah Al-Sisi de rester président à vie et de ne pas mettre fin à son mandat présidentiel en 2022. Je pense que la visite de Macron, qu’il le veuille ou non, est un oui à ce référendum sur l’amendement constitutionnel proposé », explique Bahey al-Din Hassan, directeur du CIHRS, Institut du Caire pour les études sur les droits de l’homme.
Les ONG dénoncent la « pire crise des droits humains de l’époque récente » avec une répression qui s’est accentuée : après les Frères musulmans, c’est la gauche laïque, les militants des droits de l’homme et les journalistes qui en sont victimes. Amnesty International va jusqu’à dénoncer la complicité de la France qui a radicalement augmenté ses ventes d’armes à l’Egypte :
« Le montant des livraisons de matériel de guerre par la France s’élevait à 9,8 millions d’euros en 2011, et ce montant n’a cessé de croître jusqu’en 2017 où il dépasse 1,4 milliard d’euros. Ce ‘est pas une petite augmentation, c’est une croissance plus que substantielle », explique Yves Prigent, directeur du programme « Responsabilité des Etats et des entreprises » d’Amnesty International.