Strasbourg posera en mai ses premières « Stolpersteine » (en allemand « pierre à faire trébucher »), des pavés couverts d’une plaque de laiton gravée en mémoire des victimes du nazisme et insérées dans la chaussée devant leur ancien domicile.
Quelque 53 pierres seront scellées dans la capitale alsacienne: « une vingtaine le 1er mai, le reste en septembre », a expliqué aujourd’hui à l’AFP Richard Aboaf, plasticien et historien d’art au lycée privé ORT, qui fut le siège de la Gestapo et où se tient une exposition dédiée à ce projet, jusqu’au 6 février.
Ils visent à rappeler le destin des victimes du nazisme, juives, tziganes, homosexuelles, handicapées ou opposants politiques, en faisant « buter » le regard des passants sur ces pavés de laiton. Y sont gravés le nom, l’adresse, la date de naissance et du décès de la personne tuée par les nazis. « C’est un projet mémoriel qui nous tenait à coeur, avec une portée symbolique forte », a expliqué Richard Aboaf à l’AFP, dénonçant un certain « déni » sur la rive française du Rhin à l’égard du passé nazi.
Il s’agit de « réconcilier Strasbourg avec sa mémoire », ajoute-t-il, rappelant que 890 juifs ont été déportés dans la capitale alsacienne. Si certaines communes de Vendée ont déjà accueilli des « Stolpersteine », Strasbourg sera la première grande ville française à en installer. Les pierres sont individuelles et permettent de « personnaliser la démarche d’hommage ». Chacune coûte 120 euros, somme prise en charge par les municipalités, les particuliers concernés ou des donateurs.