Bloquer Instagram ne servira à rien, estime un ministre iranien

Bloquer Instagram en Iran n’est pas la panacée et ne ferait qu’augmenter les défis auxquels le pays fait face, a déclaré aujourd’hui un ministre iranien dans un entretien à l’agence IRNA, alors que certains responsables menacent de limiter l’accès à ce réseau social.

« Nous pensons que la stratégie consistant à filtrer Instagram n’est pas efficace pour neutraliser les menaces qu’il pose et que cela risque même de les renforcer », a déclaré à Isna le ministre des Télécommunications, Mohammad Javad Azari-Jahromi. « Filtrer [Instagram] ne résoudra aucun problème et ne fera que créer de nouveaux défis dans d’autres domaines », a ajouté le ministre.

Instagram est une plate-forme de partage de photos et de vidéos qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde. Après le blocage des réseaux Facebook, Twitter, YouTube, et (depuis mai 2018) Telegram, Instagram reste le dernier média social international accessible sans limitation en Iran. Début janvier, des médias iraniens ont rapporté que l’Autorité judiciaire envisageait de bloquer Instagram. Le responsable cité comme source de cette information était Javad Javidnia, chargé des affaires cybernétiques auprès du procureur général du pays.

Dans un entretien publié en décembre par Isna, Javad Javidnia avait qualifié Instagram de « désastre » pour les Iraniens, en particulier pour la jeunesse, invoquant un nombre inquiétant de « crimes » commis sur le réseau. En 2017, le grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi, connu pour ses positions conservatrices, avait estimé que les médias sociaux étaient un foyer favorisant « le scepticisme, la prostitution, la calomnie et le blasphème » et plaidé pour que l’on rende leur accès plus difficile en Iran. « Certains disent qu’utiliser Instagram a certaines conséquences et que cela représente un menace. Néanmoins, beaucoup sont d’avis que [cette plate-forme] accueille de nombreuses entreprises et que c’est un outil important dans leur vie de tous les jours », a déclaré à Isna le ministre des Télécommunications.

L’économie iranienne traverse une passe difficile liée en partie à la récente rétablissement de sanctions américaines contre la République islamique. Selon le Fonds monétaire international, elle est entrée en récession en 2018. En dépit des restrictions qui s’appliquent sur les réseaux sociaux, les Iraniens, à l’image de hauts responsables comme le président iranien Hassan Rohani ou Mohammad Javad Azari-Jahromi, actifs sur Twitter continuent d’utiliser largement ces médias, qui restent accessibles en utilisant un réseau privé virtuel (VPN).

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