Dans un entretien, l’économiste italienne Ilaria Bifarini a soulevé le thème du «néocolonialisme français» en Afrique dans le contexte du phénomène de migrations de masse.
Appelée à commenter les récents propos du vice-président du Conseil des ministres italien, Luigi Di Maio, selon lesquels «certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains», Ilaria Bifarini, économiste et auteur du livre Les colonies de l’austérité les a qualifiés de «fondés».
«La France profite des richesses de l’Afrique et c’était toujours le cas. Par le biais du projet Françafrique, le pays mène sans entrave une politique coloniale en Afrique, rend cette dernière faible et pauvre en imposant la prédominance de ses propres multinationales… L’implication de la France en Afrique est significative et enfin on en parle», a expliqué Mme Bifarini.
Pour la spécialiste, l’enjeu de la déclaration de Luigi Di Maio est d’attirer l’attention sur le fait que «la France mène une politique néocoloniale envers l’Afrique. Ce qui maintient le sous-développement économique du continent, ce qui, à son tour, a provoqué la marée migratoire d’aujourd’hui», a-t-elle fait remarquer. L’interlocutrice a également souligné que la «France doit assumer sa responsabilité».Le récent accord d’Aix-la-Chapelle a renforcé, selon l’économiste, «l’hégémonie de la France et de l’Allemagne».
Mme Bifarini a également appelé à étudier la question des «milliards d’euros envoyés en Afrique en tant qu’aide humanitaire» qui disparaissent.
«Maintenant, il faut l’analyser soigneusement et non pas continuer à agir recourant aux anciennes méthodes qui ne fonctionnent pas. Il faut arrêter d’allouer des fonds à l’Afrique, parce que nous ne savons même pas comment ils sont par la suite utilisés», a-t-elle résumé.Auparavant, le vice-président du Conseil des ministres italien et dirigeant du Mouvement cinq étoiles (M5S), Luigi Di Maio, a appelé l’Union européenne à instaurer des sanctions à l’encontre des pays qui, selon lui, «appauvrissent l’Afrique» et sont ainsi à l’origine de la crise migratoire. Il a indiqué également que certains États européens, «la France en tête», n’avaient «jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains».
M.Di Maio estime que la France, qui «imprime une monnaie, le franc des colonies», dans «des dizaines de pays africains», finance ainsi sa dette publique.