Le Brésil, dont le Président avait promis de transférer son ambassade à Jérusalem, n’aurait pas cette intention «pour l’instant». Au moins c’est ce qu’a fait savoir le vice-président brésilien Mourão lors de la rencontre avec l’ambassadeur de Palestine. Cette volte-face s’expliquerait par une scission au sein du gouvernement, selon un expert.
Les relations du Brésil avec les pays du Proche-Orient sont au centre des discussions cette semaine. Le vice-président Hamilton Mourão (en ce moment Président par intérim) a rencontré, le 28 janvier, l’ambassadeur de Palestine, Ibrahim Alzeben, pour déclarer que son pays n’envisageait pas «pour l’instant» de transférer son ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.
Le transfert de l’ambassade était l’une des promesses du Président Jair Bolsonaro (qui subissait une intervention chirurgicale lors de l’entretien en question) lors de sa campagne électorale.
«La réponse que je leur ai donnée est une réponse de l’État. L’État brésilien n’a pas encore l’intention de transférer l’ambassade où que ce soit», a déclaré Hamilton Mourão, à l’issue de la rencontre avec le Palestinien, tout en soulignant que la décision finale reviendrait à M.Bolsonaro.
La raison de ces actes réside dans la scission qui frappe le gouvernement de Bolsonaro, a indiqué David Magalhães, professeur de relations internationales à l’Université catholique pontificale de Sao Paulo.
«Il est clair que ce que nous observons aujourd’hui est un nouveau chapitre du conflit entre le groupe idéologique qui essaie de contrôler la politique extérieure et un groupe de militaires pragmatiques», a-t-il indiqué.
Selon lui, Hamilton Mourão n’entretient pas en outre de bonnes relations avec le ministre des Affaires étrangères Ernesto Araújo qui, avec les fils de Bolsonaro, appartient au groupe «idéologique», qu’il qualifie aussi d’«antiglobaliste» et proche du trumpisme, et préférerait que la diplomatie soit conduite par un personnage «plus économiquement libéral».L’expert est convaincu qu’en transférant l’ambassade, le Brésil «enterrera» l’idée de deux États, le palestinien et le juif.
Le Brésil soutient l’idée des deux États au moins depuis 1967, rappelle le spécialiste. Rompre avec cette tradition aurait beaucoup d’effets secondaires, à commencer par l’éventuelle fermeture des marchés du Proche-Orient à la viande, notamment de volaille, brésilienne.