Au Levant, en Syrie et au Liban, on parle beaucoup de la possibilité qu’Israël, c’est-à-dire le premier ministre Benyamin Netanyahu, songe sérieusement à se lancer dans une bataille transfrontalière à grande échelle qui pourrait dégénérer en guerre afin d’assurer sa réélection. En dépit de ses allégations « d’immense succès de l’opération “Bouclier du Nord” » lancée en décembre dernier, Netanyahu continue d’envoyer l’armée israélienne à la recherche d’autres tunnels, loin des projecteurs des médias.
L’annonce prématurée du succès de l’opération par le premier ministre révèle qu’il est devenu l’otage de son propre optimisme, qu’il aimerait bien insuffler à sa campagne électorale en vue de se faire réélire. Mais Netanyahu n’a réussi qu’à semer la panique dans la population israélienne se trouvant à proximité du Liban et plus loin à l’intérieur des terres en confirmant que le Hezbollah possède des missiles de précision capables d’atteindre n’importe quelle cible.
L’infrastructure souterraine secrète entre le Liban et Israël n’est pas non plus entièrement sous contrôle israélien et pourrait jouer un rôle décisif dans une éventuelle guerre impliquant l’utilisation de l’infanterie à des fins d’enlèvement de soldats ou d’officiers israéliens. Le Hezbollah possède un équipement d’excavation moderne et les tunnels seront essentiels pour déplacer toute guerre déclenchée par Israël en territoire libanais à l’intérieur du territoire contrôlé par l’ennemi israélien.
Selon des sources bien informées, il y a de fortes chances qu’Israël se lance dans une grande bataille contre le Liban, qui pourrait dégénérer en guerre.Ces sources sont d’avis que « Netanyahu pourrait recourir à des missiles téléguidés et à des bombardements aériens dans le but de limiter la capacité des missiles du Hezbollah. En pareil cas, l’infanterie ne serait pas requise et l’armée israélienne se limiterait à protéger sa frontière et à éviter toute infiltration possible à partir de tunnels transfrontaliers ».
Le premier ministre Netanyahu croit que Sayyed Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, est déconcerté par l’immense succès d’Israël, qui a réussi à démanteler son infrastructure souterraine. Il est aussi persuadé d’avoir privé totalement Nasrallah ce cet atout important (les tunnels) au cours des six dernières semaines.
Israël a découvert quatre tunnels jusqu’à maintenant, ce que n’a pas nié le chef du Hezbollah. Sauf que Netanyahu trompe les Israéliens en prétendant avoir détruit tous les tunnels. Selon les sources bien informées, l’armée israélienne « envoie des chiens entraînés dans les tunnels transfrontaliers récemment découverts malgré leur grande profondeur, pour y détecter des explosifs ou attaquer ceux qui travaillent dans ces tunnels ».
Ce n’est pas la première fois que des responsables israéliens mentent à leurs concitoyens. Sayyed Nasrallah a dit que l’un des tunnels était vieux, ce qu’a confirmé l’ancien ministre de la Défense Moshe Ya’alon : « Nous avons menti pour préserver la sécurité de l’État. Nous l’avons fait pour tromper l’autre camp. » Le message de Nasrallah a semé la division parmi la population israélienne, entre ceux qui croient leur armée (par opposition à leurs politiciens) et ceux qui croient Nasrallah.
Le Hezbollah considère les tunnels comme un atout essentiel dans toute guerre à venir contre Israël. Israël creuse des tunnels d’un à cinquante mètres de profondeur et de 10 à 13 km de largeur dans une zone intérieure près de Ayta al-Shaab et de Kfarkila (Metula). Il existe également une zone beaucoup plus large qu’Israël n’a pas creusée, qui se prolonge sur 107 km jusqu’à la côte libanaise.
Prenons l’exemple de la ville frontière libanaise de Aita al-Shaab, où il y a des collines des deux côtés de la frontière et une montagne d’une centaine de mètres de hauteur à la frontière même. Israël possède-t-il l’équipement nécessaire pour chercher des tunnels dans ce secteur? Le Hezbollah pourrait bien avoir utilisé des compresseurs silencieux et de l’équipement d’excavation capables de réduire le temps nécessaire à la construction des tunnels de deux ans à seulement 4 à 6 mois. Ce n’est pas l’ingénierie, la planification et l’équipement d’excavation moderne qui manquent, même si Netanyahu est convaincu que le Hezbollah est en sérieuses difficultés financières et qu’il est incapable de creuser d’autres tunnels coûteux.
À bien des endroits, Israël a le contrôle des airs avec ses drones et de la frontière grâce à ses radars et ses caméras à longue portée à images thermiques haute définition, à ses dopplers pulsés, à ses radars à onde entretenue modulée en fréquence et à ses systèmes intelligents d’imagerie par lumière visible, qui lui servent de signaux d’avertissement perfectionnés. Ces systèmes détectent et suivent le personnel et tous les objets mobiles en fonction de leur vitesse et de leur direction. Les tunnels contournent toutes ces mesures et permettent aux forces d’attaquer l’ennemi par l’arrière. Les tunnels au sud du Liban sont aussi différents de ceux de Gaza, car la topographie libanaise est principalement composée de roc.
Toutes les sources à qui j’ai parlé ont confirmé que « les tunnels transfrontaliers sont importants pour surprendre l’ennemi et faire passer des troupes derrière les lignes ennemies. C’est ce dont Sayyed Nasrallah parlait lorsqu’il a menacé d’occuper la Galilée ». Selon les sources, « les tunnels sont importants, mais ce n’est pas le seul moyen de traverser la frontière ».
« Une petite quantité d’explosif suffit pour faire tomber un mur de ciment de 4 à 6 mètres de largeur le long de la frontière libano-israélienne et ainsi ouvrir une brèche assez grande pour y faire passer des troupes motorisées, une fois que la décision de traverser de l’autre côté aura été prise », ont poursuivi les sources. Ce scénario ne serait plausible que si Israël prenait l’initiative de déclencher une guerre et de franchir la frontière avec son infanterie. Comme Israël viole la souveraineté libanaise sur une base quotidienne, il ne serait pas surprenant de voir le Hezbollah lui rendre la pareille.
L’utilisation de tunnels dans une bataille est un cauchemar sans fin pour n’importe quelle armée. Les tunnels sont construits pour n’être utilisés qu’une fois. Le « plan pour la Galilée » vise à forcer Israël de se retirer du territoire arabe qu’il occupe (les hauteurs du Golan), à libérer des prisonniers palestiniens en échange d’un retrait de la Galilée (ou de tout autre village ou ville en Israël) en cas de guerre et à permettre une avancée du Hezbollah en territoire ennemi. Les sources n’excluent pas la possibilité de perte de centaines d’hommes des deux côtés si une guerre éclate et que le Hezbollah décide de traverser la frontière entre le Liban et Israël.
Israël prend la menace du Hezbollah au sérieux et a formé le bataillon « Portes de feu » afin de déjouer les plans du Hezbollah de conquérir la bande étroite de la haute Galilée. En présentant leur évaluation fondée sur le renseignement, Netanyahu et son ancien chef de cabinet Gadi Eizenkot ont présenté aux colons israéliens un scénario digne d’un film de zombies, en dévoilant l’intention du Hezbollah de déployer 1 000 à 2 000 combattants chargés de mener des « attaques de choc » contre les localités frontalières en Galilée. Les deux responsables israéliens ont ainsi joué le jeu de Sayyed Nasrallah, en causant plus de dommages psychologiques et de crainte parmi les communautés israéliennes locales que personne d’autre n’aurait pu le faire. Netanyahu voulait magnifier son « accomplissement » à des fins électorales. Mais il a échoué, principalement à cause de son annonce prématurée au sujet des tunnels, alors que ses forces savent très bien qu’il en existe bien d’autres.
Les sources évaluent que la soif de pouvoir de Netanyahu est très dangereuse pour Israël. « Lui et son équipe peuvent fort bien décider de se lancer dans une grande bataille ou une guerre contre le Liban pour assurer sa réélection et éviter la prison, car il est accusé de corruption. Netanyahu s’est gardé pour lui le ministère de la Défense et, comme il n’est pas un spécialiste des affaires militaires, il doit prouver ses compétences en faisant quelque chose contre le Liban. Nous disons le Liban, parce que le premier ministre est conscient que toute nouvelle attaque contre la Syrie aura de graves conséquences contre-productives sur l’avenir de sa carrière politique, car Damas et ses alliés vont riposter et il le sait. »
Les sources reconnaissent le fait qu’Israël jouit d’un soutien des USA sans précédent. Le président Trump ferait apparemment tout pour soutenir Israël et lui plaire, et des forces américaines sont déjà basées en Israël où elles s’entraînent et effectuent des manœuvres en vue d’un scénario de guerre possible, tout en offrant bien sûr leur soutien militaire direct à Israël. Les sources sont par ailleurs sûres que « les forces de sécurité irakiennes, alliées de l’Axe de la résistance, n’hésiteront pas à s’engager dans toute nouvelle guerre au Levant ».
« Si les USA participent directement et ouvertement à toute nouvelle guerre contre la Syrie ou le Liban, les forces américaines deviendront des otages et des cibles dans toute la Mésopotamie. La prochaine guerre sera différente de toutes celles qui ont précédé et personne ne sera épargné », ont affirmé les sources.
Le Hezbollah préférerait éviter la guerre. Sayyed Nasrallah a dit que « si cela fait plaisir à Netanyahu de dire qu’il a réussi à détruire tous nos missiles (quelques-uns à peine dans les faits), tant mieux pour lui. Nous ne le contredirons pas ».
Le Hezbollah ne veut pas trop provoquer le premier ministre israélien, car il veut éviter toute nouvelle guerre destructrice, qui embraserait non seulement le sud du Liban, mais aussi les faubourgs de sa capitale. Mais en cas de guerre, ils ne boiront pas plus de thé à Beyrouth que de café à Tel-Aviv, pour paraphraser le général de division israélien Tamir Yadai.