Grand débat: Macron confronté aux maux des banlieues après une visite de terrain

Après les communes rurales, c’était au tour des maires de la banlieue parisienne de détailler lundi à Emmanuel Macron la longue liste des maux des banlieues, au cours d’un grand débat réunissant élus et associations à Evry-Courcouronnes (Essonne).

 

Dans la salle municipale qui réunissait 300 maires, responsables d’associations et citoyens engagés, les intervenants se sont succédé pendant une heure et demie pour protester contre la suppression des contrats aidés, qui a fragilisé les associations, les fusions forcées de communes ou encore le manque persistant de logements.

Tous ont réclamé le maintien des services publics et plusieurs ont regretté l’enterrement du plan Borloo pour les banlieues.

Autant de réclamations présentées par Christine Janodet, maire d’Orly, Philippe Rouleau, maire d’Herblay-sur-Seine ou encore Philippe Rio, maire de Grigny et la maire d’Aubervilliers Meriem Derkaoui, ainsi que des responsables d’associations.

« On nous a imposé des réorganisations sans concertation, des fusions subies. Tout est fait depuis des années pour amoindrir le rôle des communes qui sont des maillons essentiels de notre société », a regretté M. Rouleau.

Visite surprise

Avant cette réunion, son 5e grand débat depuis le 15 janvier, Emmanuel Macron a effectué une visite surprise sur le terrain, dans les locaux de l’association Génération II, qui se consacre à l’insertion des jeunes.

Depuis la montée du mouvement des « gilets jaunes », pour des raisons de sécurité, il a pris l’habitude de ne plus annoncer ces visites à l’avance hormis quelques médias avertis au dernier moment.

Debout dans le petit local, il a engagé, au milieu d’une joyeuse cohue, une discussion à bâtons rompus avec des jeunes et des responsables de l’association.

« Vous avez vu tous les jeunes qui sont autour de la table pour préparer leur stage et leur emploi de demain. Ce sont les meilleurs ambassadeurs de notre dispositif de la ville », a-t-il ensuite déclaré à la presse.

Il a ensuite passé un long moment à discuter avec quelques habitants, recevant un accueil mitigé. « Moi je passe le trottoir tous les jours, du travail j’en trouve pas » lui a lancé un jeune homme, en allusion à sa petite phrase de septembre, quand il avait assuré à un chômeur qu’il lui suffirait de « traverser la rue » pour trouver du travail.

« On lutte contre la discrimination, on a mis en place des tests, on va vous aider. Mais derrière vous devez montrer l’exemple, je ne vais pas vous lâcher. Je compte sur vous », lui a répondu le chef de l’Etat.

« Sa phrase, c’était choquant, ça veut dire il y a du travail et nous on le rejette ? Moi je ferais n’importe quoi du moment que ça rapporte l’argent pour vivre. C’est très dur pour entrer dans le milieu du travail quand on s’appelle Yahya ou Mamadou », a raconté ensuite le jeune homme d’un ton désabusé.

Un comité d’accueil d’une trentaine de « gilets jaunes » et plusieurs dizaines d’habitants du quartier venus voir « Manu » attendaient le chef de l’Etat de pied ferme devant la salle Claude Nougaro d’Evry ou se déroulait le débat.

Référendum

« Macron Démission », « Emmanuel Macron on va te chercher chez toi », « Castaner en prison », chantaient certains, sous l’oeil de nombreux CRS qui sécurisaient les lieux, avec barrages et fouilles aux abords.

« Ce grand débat, c’est une fumisterie, les questions et les réponses sont prévues à l’avance, ça ne sert à rien », a estimé Maya, 48 ans, « gilet jaune » venue de Nangis (Seine-et-Marne) qui ne voit que « la démission du gouvernement et de Manu » comme issue au conflit.

Avant de se rendre dans l’Essonne, Emmanuel Macron a commencé à recevoir lundi matin les responsables des partis afin d’élaborer une issue à la crise des « gilets jaunes », y compris par un référendum, une hypothèse déjà vivement débattue.

Le Journal du dimanche affirme que le président de la République serait tenté de convoquer un tel référendum dès le 26 mai, jour des élections européennes.

Mais pour le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, un référendum ce jour-là n’est « pas souhaitable ». Le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, a jugé lui aussi la date du 26 mai « peu opportune », même si le référendum « peut être une bonne idée ».

Jeudi, Emmanuel Macron se rendra à Autun, en Saône-et-Loire, pour rencontrer élus et jeunes du Morvan dans le cadre du grand débat, a annoncé lundi l’Élysée.