« Ni utile, ni nécessaire » ou une « imposture » : les élus parisiens ont débattu, sans voter, cet après-midi de la création d’une police municipale à horizon 2020, décidée « unilatéralement » par la maire de Paris Anne Hidalgo.
« Le contexte a changé : le risque terroriste est une réalité, la défense des institutions, le maintien de l’ordre et la lutte contre le terrorisme mobilisent beaucoup la police nationale », a justifié devant un hémicycle clairsemé la maire socialiste.
Aux côtés des policiers de la préfecture de police et militaires de l’opération Sentinelle, ce nouveau corps doté de 3.400 Hommes à terme (dont 200 seront recrutés prochainement), sera chargé d' »améliorer la sécurité des Parisiens » et de « faire respecter les règles du quotidien – jets de mégots ou ordures, incivilités sur les voies ou trottoirs, entre autres -. « Je veux le nommer police municipale parisienne », a déclaré la maire de Paris. L’annonce survenue il y a quinze jours avait ému les groupes de sa majorité (écologistes, communistes et génération.s) qui ont dénoncé une rupture du « contrat de mandature ».
Le chef de file des écologistes, David Belliard, candidat à la primaire EELV pour les municipales, a dit « regretter » cette décision. « Cette police municipale ouvre de très nombreuses incertitudes », a-t-il estimé, redoutant à la fois « un désengagement accéléré de l’État » et la possibilité à terme de « l’armement létal » de ces agents. « La police municipale n’était ni utile ni nécessaire », a-t-il poursuivi. « Quel intérêt de fissurer votre majorité ? », a par ailleurs demandé le chef de file des communistes Nicolas Bonnet-Oulaldj, estimant que ce choix peut « décevoir celles et ceux qui vous ont fait confiance pour mener une politique de gauche à Paris ».
L’opposition s’est réjouie de cette annonce, tout en estimant que le projet ne va pas assez loin, notamment dans l’armement des agents. « Il n’est jamais trop tard pour se rallier à l’évidence », a taclé l’élu de centre-droit Pierre-Yves Bournazel. Mais « pourquoi ne pas avoir associé les parlementaires ? », a interrogé l’élu, estimant qu' »une évolution législative est nécessaire à la création d’une police municipale ». La chef de file du groupe Les Républicains et Indépendants (LRI), Florence Berthout, a dénoncé une « vraie fausse police municipale », qui « pour ne pas être une cible doit être armée avec une formation extrêmement rigoureuse ». L’élue de droite a dénoncé « une double imposture » de la maire de Paris, qui « ne dit pas ce que l’on va faire » et « ne fait pas ce que l’on a promis ».