Damas Café, 33 correspondants au téléphone, tentative de policiers pour lui venir en aide en lui fournissant des images prises le 1er mai par des caméras de vidéosurveillance. Dans une enquête publiée ce lundi, 20 Minutes reconstitue la soirée qu’Alexandre Benalla aurait passée après les révélations du Monde sur ses interventions musclées.
Dans une enquête parue ce lundi et intitulée «La folle soirée d’Alexandre Benalla au Damas Café après les révélations du Monde», le quotidien 20 Minutes présente son récit de la soirée que l’ancien chargé de mission à l’Élysée, Alexandre Benalla, a passée après les divulgations faites par Le Monde à son sujet le 18 juillet 2018. On append notamment où il se trouvait, qui l’a contacté, y compris au sujet de sa famille, et ce qui a été entrepris par certains fonctionnaires de la préfecture de police pour rendre son acte commis le 1er mai «plus légitime».
33 contacts pendant une soirée au Damas Café.
Comme l’indique 20 Minutes, mis au courant dans l’après-midi du 18 juillet par Le Monde lui-même des révélations à son sujet qui allaient être publiées dans la soirée, Alexandre Benalla n’a pas changé ses habitudes et se trouvait à 20h09 au Damas Café, rue du Colisée. L’analyse de ses relevés téléphoniques (fadettes) à laquelle ont procédé les enquêteurs a permis d’établir qu’entre 20h30 et 2h28 il a eu des contacts avec pas moins de 33 interlocuteurs différents, dont «la plupart ne servent qu’à gérer la crise», précise 20 Minutes.Il a ainsi été contacté par l’avocat Arno Klarsfeld qui lui a donné des conseils, estimant, d’après les informations fournies par le média, qu’Alexandre Benalla ferait mieux d’expliquer que le 1er mai il voulait aider les policiers au lieu de rester sans agir. Mais parmi ceux qui essaient de lui venir en aide, le journal distingue le «petit monde de la sécurité».
«Au bout du fil se succèdent un ancien boxeur, quelques policiers dont un commissaire, le secrétaire général du préfet délégué à la sécurité de l’aéroport de Roissy et même un général de gendarmerie», est-il indiqué.
20 Minutes ajoute que dans cette longue liste de correspondants, c’est le nom de Jimmy Reffas, ancien garde du corps de Johnny Hallyday qui «intrigue». Bien que ce dernier démente avoir été en contact téléphonique avec Alexandre Benalla, l’analyse des fadettes indique qu’il l’a appelé à 22h43, juste avant de contacter par texto Jean-Yves Hunault, officier de liaison de l’Elysée avec la préfecture de police de Paris, explique le journal.
Alexandre Benalla a également une conversation avec Jean-Luc Minet, commandant militaire en second de l’Élysée, qui dure 14 minutes.
«Il dialogue avec Alexandre Benalla sans que l’on sache de quoi les deux hommes discutent. Mais le lendemain, le militaire envoie un courriel à tous les plantons de l’Elysée pour leur demander d’interdire d’accès Alexandre Benalla si celui-ci se présente à l’accueil. Et même de vérifier « visuellement » jusque sous la banquette arrière des véhicules qui entrent pour voir s’il ne s’y cache pas», dit la publication.
Alexandre Benalla a par ailleurs contacté ses proches vivant dans un village de l’Eure où les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne retrouveront au bout de deux mois sa compagne Myriam B. Il est possible que ce soit au cours de cette soirée qu’Alexandre Benalla ait décidé de l’y envoyer pour la protéger du tollé qui prenait naissance.«Un CD illégal»
20 Minutes reconstitue en outre les événements qui se seraient déroulés à la préfecture suite à la publication des révélations.
«Un commissaire un peu zélé se met en tête de dégoter des images de vidéosurveillance démontrant que les manifestants de la place de la Contrescarpe étaient, eux-mêmes, violents. Une façon de laisser entendre que l’intervention musclée d’Alexandre Benalla était plus légitime qu’il n’y paraît».
Bien qu’il soit interdit de faire sortir du système des «plans de zone de la ville de Paris», le commissaire Maxence Creusat le fait «encouragé» par son supérieur Laurent Simonin qui «parvient même à lui affecter le renfort de Jean-Yves Hunault».Ne parvenant pas à faire la copie du CD, Maxence Creusat propose alors d’essayer de faire une copie chez lui. Rencontrant toujours un échec, la décision est prise au bout de quelques heures – vers 23h00 — de livrer à Alexandre Benalla l’enregistrement original, indique le journal.