Bruxelles a bloqué ce mercredi le rapprochement entre Siemens et Alstom dans le domaine ferroviaire. Selon le ministre français des Finances, il s’agit d’une décision qui «va servir les intérêts économiques et industriels de la Chine».
La Commission européenne a mis, le 6 février, son véto à la fusion entre le français Alstom et l’allemand Siemens qui aurait permis la création d’un champion européen du ferroviaire, capable de faire face à des concurrents asiatiques.
En commentant sur France 2 cette décision attendue, le ministre français des Finances Bruno Le Maire l’a qualifiée d’«erreur économique » qui servirait «les intérêts » de la Chine.
«Je le regrette profondément parce que je considère que c’est une erreur économique […] La décision que s’apprête à prendre la Commission européenne va servir les intérêts économiques et industriels de la Chine», déplore-t-il.
Selon lui, ce rapprochement aurait permis à «deux champions de la signalisation et du ferroviaire» d’«avoir le même poids que le grand champion industriel chinois».
Le ministre français a apparemment fait référence à China Railroad Rolling Stock Corporation (CRRC), groupe chinois crée en 2014 et qui s’impose sur la scène internationale, ayant décroché des contrats aux États-Unis, en Argentine, en Serbie, en République de Macédoine du Nord ou en République tchèque.
Le 5 février, le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier, avait également plaidé pour une politique favorisant des regroupements à l’échelle européenne, afin de créer des champions capables de jouer «à égalité» sur la scène internationale, et une révision du droit européen de la concurrence.
Le PDG de Siemens, Joe Kaeser, a dénoncé mercredi le veto européen, estimant que «les élections européennes à venir [constituaient] une opportunité unique de bâtir l’Europe du futur, y compris dans le champ de la politique industrielle».C’est Margrethe Vestager, la commissaire européenne chargée de la concurrence, autrefois encensée par le Président français, Emmanuel Macron, pour son intransigeance vis-à-vis des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), qui est à l’origine de ce veto.
«La Commission a interdit la concentration parce que les entreprises n’étaient pas disposées à remédier aux importants problèmes de concurrence que nous avons relevés», a-t-elle déclaré ce mercredi, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.
Selon elle, «cette concentration aurait entraîné une hausse des prix pour les systèmes de signalisation qui assurent la sécurité des passagers et pour les futures générations de trains à très grande vitesse».
D’après Le Monde, ce rapprochement était également redouté par les syndicats belge et français d’Alstom qui craignaient d’importantes suppressions de postes.La décision de Bruxelles a déjà été saluée par Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.
«Ce n’était pas d’ailleurs un mariage, objectivement, c’était un don que nous faisions à Siemens d’Alstom, qui est une très grande industrie. C’était un véritable scandale », a déclaré mercredi la présidente du Rassemblement national.
Le chef de file de Debout la France a, à son tour, souligné dans un tweet que la France ne devait «pas brader des fleurons nationaux».