Le mécanisme d’évaluation de la corruption de l’Onu est le seul référentiel de l’Algérie pour juger de l’efficacité de sa politique de lutte contre ce fléau, a affirmé ce mardi le ministre algérien de la Justice. Dans le même sens, le responsable a considéré les rapports des ONG sur ce sujet comme nuls et non avenus.
Les autorités algériennes ne prennent pas en compte les rapports des ONG sur la corruption, encore moins les classements qu’elles établissent, a déclaré Tayeb Louh, ministre algérien de la Justice. S’exprimant mardi 5 février devant les députés lors de la présentation d’un amendement de la loi actuelle de prévention et de lutte contre la corruption, M.Louh a affirmé que son pays s’en tenait exclusivement au mécanisme d’évaluation de l’Onu.
«Les rapports des ONG internationales, qui ne prennent pas en considération les avancées réalisées par l’Algérie dans ce domaine [de prévention et de lutte contre la corruption, ndlr], ne nous intéressent pas», a déclaré le ministre. «Ce qui s’écrit ici et là sur le classement de l’Algérie ne nous intéresse point et encore moins nous inquiète», a-t-il ajouté en soulignant que «c’est l’évaluation onusienne qui nous importe de prendre en considération».
Tout en mettant l’accent sur les différents dispositifs introduits par les autorités algériennes pour lutter contre ce fléau, Tayeb Louh a rappelé que «l’Algérie adhère à la convention internationale de lutte contre la corruption». «C’est l’un des premiers pays à l’adopter en 2004, du coup nous sommes engagés par ses déférentes disposition», a-t-il encore soutenu.Dans ce cadre, tout en rappelant les résultats réalisés ces dernières années en matière de lutte contre la corruption, M.Louh a martelé que «l’Algérie ne doit obéir qu’aux mécanismes onusiens, lorsqu’il s’agit d’évaluer sa politique en matière de lutte contre la corruption».
Dans son rapport publié 29 janvier sur la perception de la corruption dans le monde, l’ONG Transparency International a publié son classement pour l’année 2018 des trois pays maghrébins: l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Selon elle, le Maroc et la Tunisie sont les pays du Maghreb les moins touchés par ce fléau, tous deux classés à la 73e place à l’échelle mondiale, tandis que l’Algérie arrive à la 105e place.Malgré son classement de 2018, l’Algérie a néanmoins progressé par rapport à 2017 puisqu’elle figurait, à cette époque, à la 112e place.
Le 21 janvier 2019, à l’initiative du Président Abdelaziz Bouteflika, Tayeb Louh a annoncé la création d’un pôle pénal financier en charge de la lutte contre la corruption. Ce pôle sera placé sous l’autorité judiciaire, a-t-il précisé. Cette structure sera composée d’un procureur de la République, de ses adjoints et de juges d’instruction. En cas de nécessité, ce pôle pourrait également solliciter les services d’experts financiers.La mission principale de ce pôle pénal financier sera la recherche, l’investigation, la poursuite et l’instruction des infractions financières de grande complexité et les infractions qui leur sont connexes. Les secteurs d’investigation seront la corruption, la fraude et l’évasion fiscales, le financement illégal des associations ainsi que les infractions de change et celles relatives aux institutions financières et bancaires.