Pourquoi le Vietnam a été choisi pour la rencontre Donald Trump – Kim Jong-un

Le président américain Donald Trump a annoncé, mardi soir, que son prochain sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un aura lieu les 27 et 28 février au Vietnam. Un pays hautement symbolique pour les deux États.

Allié de longue date du régime de Pyongyang, pays stratégique aux yeux de Washington : le Vietnam, choisi par l’Américain Donald Trump et le Nord-coréen Kim Jong-un pour leur second sommet – prévu les 27 et 28 février –, jouit de multiples atouts.

Le pays d’Asie du Sud-Est est symbolique pour la Corée du Nord car il fut coupé en deux plus de 20 ans pendant la Guerre froide, tout comme la péninsule coréenne aujourd’hui. Hanoï et Pyongyang entretiennent des relations diplomatiques depuis 1950, et la Corée du Nord avait même soutenu le Nord communiste lors de la guerre du Vietnam, envoyant des soldats de l’armée de l’air en renfort.

Mais d’un point de vue économique, les échanges commerciaux bilatéraux ont régressé entre les deux pays à la suite des sanctions édictées par l’ONU à l’encontre de Pyongyang. Et Kim Jong-un, qui a envoyé à Hanoi fin novembre son ministre des Affaires étrangères, Ri Yong Ho, ne s’est jamais rendu dans cet État communiste qui a embrassé le capitalisme. Son grand-père Kim Il Song ayant été le dernier dirigeant nord-coréen à entreprendre le voyage, en 1958.

Vietnam a introduit en 1986 sa politique de « rénovation » économique Doi Moi. Depuis, le pays s’est ouvert au capitalisme sans hypothéquer son régime communiste, dans lequel le puissant Bureau politique du Parti communiste du Vietnam (PCV) est le coeur du pouvoir. Une idée qui pourrait séduire le dirigeant nord-coréen ? Le Vietnam « peut être une bonne source d’inspiration et de réflexion pour (Kim Jong-un) lui permettant de réfléchir à la manière dont il devrait faire progresser la Corée du Nord », estime Le Hong Hiep de l’Institut d’Études sur l’Asie du Sud-Est (ISEAS), basé à Singapour.

Hautement symbolique pour Washington

L’administration américaine espère aussi que le modèle économique vietnamien pourra inspirer le dirigeant nord-coréen. « Votre pays peut reproduire ce chemin. C’est à vous, si vous saisissez ce moment », avait souligné l’année dernière lors d’une visite au Vietnam le secrétaire d’État Mike Pompeo, s’adressant indirectement à Kim Jong-un.

L’intérêt pour Donald Trump sera aussi de tenter de limiter l’influence grandissante de Pékin, principal soutien économique et allié diplomatique d’une Corée du Nord isolée sur la scène internationale. Le Vietnam est également hautement symbolique pour Washington, en particulier la station balnéaire de Danang (centre), dont le nom a été évoqué pour le sommet Kim-Trump et qui fut le premier endroit où les troupes américaines ont atterri pendant la guerre du Vietnam, durant laquelle plus de 58 000 soldats ont trouvé la mort.

Le pays a accueilli en 2017 le sommet économique de la région Asie-Pacifique (APEC), auquel ont assisté les présidents américain et chinois Xi Jinping, puis en 2018 une réunion régionale du Forum économique mondial.

La rencontre Donald Trump et Kim Jong-un devrait renforcer « le statut du Vietnam au sein de la communauté internationale, ce qui l’aidera à attirer le tourisme et les investissements étrangers », analyse Vu Minh Khuong, de l’école de politique publique Lee Kuan Yew School de Singapour.

Si Danang est choisie par les deux dirigeants, la ville, quatrième du pays, compte des dizaines d’hôtels haut de gamme, propices à accueillir un évènement d’une telle ampleur.

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