Les agriculteurs de deux côtés de la Manche ne restent pas calmes. Ils s’inquiètent d’un « no deal » entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne, menaçant les échanges alimentaires, à sept semaines de l’échéance du Brexit le 29 mars, selon les deux principales organisations agricoles française et britannique.
Exportations de vins, fromages, sucre et viande bovine français, de moutons et de whisky britannique: les échanges et les économies alimentaires des deux pays sont « complètement inter-mêlés » depuis 40 ans, a souligné Arnold Puech d’Alissac, de la FNSEA, auprès de l’AFP.
La présidente de la NFU (National Farmers Union) britannique, Minette Batters, et la présidente de la FNSEA française, Christiane Lambert, se sont rencontrées vendredi à Paris.
« Tout doit être tenté pour éviter une absence d’accord de retrait. Un ‘no deal’ serait très préjudiciable aux agriculteurs français et britanniques », indique un communiqué commun des deux organisations.
« Si les politiciens sont divisés, les agriculteurs sont unis », ont souligné les deux dirigeantes en appelant au « sens des responsabilités » les responsables politiques des deux côtés de la Manche.
Deux sujets d’inquiétude principaux: le « maintien des échanges de biens » entre l’UE et le Royaume Uni, et le « respect mutuel de normes et règlementations d’un niveau élevé ».
Pour les agriculteurs et viticulteurs français, les inquiétudes portent sur les exportations de vins, dont la Grande-Bretagne est l’un des principaux clients, de fromages, de sucre et de viande bovine, a souligné M. Puech d’Alissac, de la FNSEA.
Du côté des Britanniques qui exportent 40% de leurs moutons en France, l’instauration de droits de douane élevés sur la viande ovine les pénaliserait fortement.
D’une manière générale, les agriculteurs britanniques craignent aussi d’être confrontés à des importations à bas prix venant de pays tiers à bon marché, la Grande-Bretagne important 50% de sa nourriture, dont l’essentiel venait jusqu’à présent de l’Union européenne.
« Il faut éviter les déséquilibres sur les marchés, plus particulièrement en conséquence d’importations qui ne seraient pas soumises aux mêmes conditions de production ou d’élevage, et qui auraient un impact négatif sur les revenus des agriculteurs », indique le communiqué.
Outre les droits de douane, ils s’inquiètent aussi des risques de files d’attente gigantesques à la frontière pour les camions de marchandises, en raison d’un manque de douaniers et de vétérinaires pour les contrôles sanitaires dans les deux sens.
« Pour les produits qui se stockent, comme le whisky ou le cognac, la situation est gérable, mais pour les produits frais, la situation risque d’être problématique, sauf s’il y a un accord » ,a indiqué un responsable, du côté français.