Le mécanisme de commerce avec l’Iran est un instrument destiné à faciliter les échanges de certains produits et ne vise pas à contourner les sanctions états-uniennes, selon l’ambassadeur de l’UE à Washington, David O’Sullivan.
Le fonctionnement du nouveau mécanisme mis en place par l’Union européenne pour effectuer des paiements dans ses échanges avec l’Iran ne vise pas à contourner les sanctions américaines, a déclaré l’ambassadeur de l’UE aux États-Unis, David O’Sullivan.
«Le mécanisme baptisé Special Purpose Vehicle (SPV) est un nouvel instrument destiné à faciliter légèrement le commerce de certains produits. Nous parlons essentiellement des produits qui ne sont pas sujets à sanctions. Cela concerne les articles à but humanitaire: des équipements médicaux, des produits pharmaceutiques, etc. De cette façon, il ne s’agit pas de contourner les sanctions, parce qu’ils en sont exemptés», a déclaré l’ambassadeur, intervenant à l’American University à Washington.
Il a cependant reconnu l’existence de problèmes, même dans le commerce de produits qui n’étaient pas frappés de sanctions. Selon lui, cela tient à la complexité du système financier et aux craintes des hommes d’affaires de tomber sous le coup des sanctions américaines.
«De nombreux fournisseurs craignent de se retrouver dans le filet des sanctions», a-t-il signalé.
La décision de créer le Special Purpose Vehicle a été prise en septembre 2018. Il est conçu pour cumuler les prêts accordés aux structures iraniennes ainsi que les versements pour livraisons de pétrole et d’autres produits importés de la République islamique. Avec ces fonds, la compagnie sera capable d’acheter des marchandises et des services en Europe pour le compte de Téhéran.
Le mécanisme SPV assurera l’anonymat à ses partenaires européens, qui ne seront ainsi pas menacés par des sanctions américaines secondaires. Les transactions seront réalisées sans recours au dollar, et la Trésorerie états-unienne ne pourra pas les détecter. Pourtant, le système de paiement qui sera employé reste encore inconnu: aucun détail le concernant n’a été dévoilé pour le moment.
L’Iran espérait obtenir le lancement du SPV avant la fin de l’année 2018, mais aucun pays européen ne se pressait d’abriter la structure sur son sol, par peur des sanctions des États-Unis. Néanmoins, sur fond du récent refroidissement des relations entre Paris et Washington et des critiques émises par Donald Trump à l’encontre de la personne d’Emmanuel Macron, c’est la France qui a décidé d’accueillir l’entité.Des experts estiment qu’outre l’Iran et l’UE, ce seront la Chine et surtout la Russie, dont des représentants ont pris part aux consultations sur la création du SPV, qui bénéficieront de son lancement. Le système est censé réduire le rôle du dollar en tant que principale monnaie internationale, tandis que la Russie, qui est toujours menacée par de nouvelles sanctions américaines, pourrait un jour se servir du SPV, dans le cas où elle serait exclue du système de virement bancaire SWIFT.