Ukraine : un élu poursuivi pour l’attaque à l’acide d’une militante

La justice ukrainienne a lancé lundi des poursuites contre un haut responsable régional soupçonné d’avoir commandité l’attaque à l’acide ayant entraîné la mort de la militante anticorruption Kateryna Gandziouk, à l’origine d’une vague d’indignation internationale.

Cette avancée dans une affaire devenue un symbole de la lenteur de la lutte anticorruption en Ukraine intervient à un mois et demi du premier tour d’une élection présidentielle qui s’annonce difficile pour le président sortant Petro Porochenko. Il est notamment reproché à ce dernier de ne pas en avoir fait assez dans ce domaine.

Vladyslav Manguer, 48 ans, président de l’assemblée régionale de Kherson (sud), « a commandité ce crime » et l’a payé, a déclaré à la télévision le procureur général Iouri Loutsenko, considéré comme un proche du chef de l’Etat.

En juillet 2018, un agresseur avait jeté un litre d’acide sulfurique sur Kateryna Gandziouk alors qu’elle sortait de chez elle. Cette conseillère du maire de Kherson âgée de 33 ans, qui dénonçait la corruption au sein de la police régionale, avait succombé à ses blessures en novembre suivant.

Selon un extrait du texte officiel de l’accusation publié par le procureur général, M. Manguer éprouvait « une animosité personnelle » à l’égard de la victime qui dénonçait notamment « la coupe illégale des bois » effectuée « sous couvert d’incendies criminels » dans cette région.

Accusé de l’organisation du meurtre « commandité » à but « lucratif », il risque la réclusion à perpétuité.

Six suspects considérés comme les possibles exécutants ont déjà été placés en détention mais aucun commanditaire n’avait été jusqu’à présent arrêté ni inculpé. Parmi ces suspects, le plus haut placé était Igor Pavlovski, conseiller d’un député pro-Porochenko au moment des faits.

La mort de Kateryna Gandziouk, qui s’est ajoutée à une longue liste de militants ukrainiens agressés ces dernières années, a scandalisé les Ukrainiens et les alliés occidentaux à Kiev.