Selon Mediapart, la coopération militaro-technique entre l’Arabie saoudite et la France est toujours d’actualité même si elle connaît quelques difficultés liées à la manière dont Riyad mène la guerre au Yémen. Pourtant, l’Onu avait estimé que la grande majorité des civils tués dans le conflit était due aux bombardements de l’Arabie saoudite.
Comme le montrent plusieurs renseignements recueillis par Mediapart, les autorités françaises sont toujours engagées dans le soutien militaire accordé à l’armée d’Arabie saoudite. Et il ne s’agit pas seulement de ventes d’armes. Pourtant, en octobre 2018, la ministre de la Défense française, Florence Parly, avait estimé que «La guerre menée par l’Arabie saoudite» au Yémen «doit cesser».
Ainsi, un groupe de sept officiers saoudiens fréquente quotidiennement l’École militaire, selon Mediapart qui ne précise pas leur programme de formation actuel. Le site croit seulement savoir qu’en octobre et novembre 2018, ces stagiaires de la Royal Saudi Air Force (RSAF) ont suivi «une formation poussée d’analyste-image» dont le but principal était de développer les capacités de ciblage d’experts de composante aérienne des forces armées du royaume saoudien.
La formation en question permettra peut-être d’éviter des incidents similaires à ceux du 9 août dernier dans la province de Saada lorsque la frappe d’un bus avait tué 51 écoliers. La formation est prévue par un plan pluriannuel de coopération entre les deux pays qui a été renforcé par un nouvel accord technique sur les échanges bilatéraux d’informations classifiées signé le 8 juillet 2019 par la ministre française des Armées Florence Parly, poursuit le média.
Il n’est pas exclu qu’après que la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite a demandé en novembre dernier aux États-Unis de cesser leur assistance à ses avions, des appareils de la RSAF soient ravitaillés à l’avenir par l’un des six A-330 MRTT qu’Airbus a livrés à Riyad depuis février 2013. Pour Mediapart, «cet ajustement place le groupe industriel européen en bonne position pour vendre deux appareils supplémentaires ainsi que des A-400M de transport».
«Le soutien de Paris à la guerre sans fin voulue par MBS s’exerce donc pleinement sur ces segments stratégiques puisque, pour une armée moderne, la formation tactique, la fourniture de renseignements et l’assistance technique comptent tout autant que les ventes d’armes. Le régime du secret défense permet d’éviter tout questionnement à ce sujet», conclut Mediapart.
Avec le budget de la défense qui devrait passer de 32 à 48 milliards d’euros d’ici à 2020, Riyad reste, selon Mediapart, «le client idéal» en matière d’achat de nouveaux blindés français, dont ceux de reconnaissance et de combat Jaguar, des véhicules de combat légers Griffon, de nouveaux véhicules blindés multi-rôles (VBMR), ainsi que des véhicules blindés d’aide à l’engagement (VBAE).
Se référant au rapport 2018 au Parlement sur les exportations d’armement de la France, le site évoque les deux «licences spatiales» accordées en 2017, d’une valeur globale de 137 millions d’euros, qui prévoient la fourniture d’imageries militaires, de logiciels d’interprétation et des formations des officiers de la RSAF. Selon la même source, toujours en 2017 «l’Arabie saoudite a été le plus gros pays client de la France en fusils de précision (520 au total)».
La visite de trois jours de Mohammed ben Salmane à Paris en avril 2018 a conduit à la conclusion de deux accords. Le premier (évalué à 550 millions d’euros) prévoit la vente de 39 patrouilleurs HSI 32 du chantier naval de Cherbourg CMN. Le second porte sur celle de canons tractés LG1 Nexter de 105 mm. Ces derniers, estime Mediapart «sont conçus pour des unités à vocation de déploiement rapide, avec un emploi possible au Yémen».
Quant aux livraisons en cours, il s’agit principalement de deux tranches. La première, établie à hauteur de 600 millions d’euros prévoit la vente des missiles sol-air très courte portée Mistral ainsi qu’une centaine de véhicules Sherpa et de transports de troupes VAB Mk3 (produits par Arquus). Une seconde tranche d’un montant égal, actuellement discutée entre la Direction générale de l’armement, DGA et les Saoudiens, porte sur 25 autres canons Caesar de nouvelle génération pour la Garde nationale, sur des hélicoptères Cougar, sur des drones SDTI Sperwer et sur de nouveaux patrouilleurs maritimes, indique Mediapart.
L’Onu avait estimé que la grande majorité des civils tués dans le conflit au Yémen était due aux bombardements de l’Arabie saoudite.