Confrontées à une crise économique importante aggravée par les sanctions américaines et le refus de la Banque d’Angleterre de rendre au Venezuela ses réserves d’or d’une valeur de 1,2 milliard de dollars, les autorités du pays ne désespèrent pas et comptent sur l’armée de prospecteurs qui exploitent des mines en quête de ce métal précieux.
Les gisements pétroliers ne constituent pas la seule richesse du Venezuela. Le sud du pays attire des milliers de chercheurs d’or qui, en dépit des risques, descendent dans de petites mines pour en extraire le métal jaune et le vendre ensuite au Trésor vénézuélien, écrit Reuters.
Selon l’agence qui se réfère aux derniers chiffres de la Banque centrale du Venezuela, depuis 2016, les prospecteurs ont vendu à l’État près de 17 tonnes d’or pour une valeur d’environ 650 millions de dollars.
L’activité des chercheurs d’or, dont Reuters estime le nombre à 300.000, est pénible et dangereuse. Un jeune mineur a déclaré à Reuters qu’il avait contracté le paludisme, ajoutant qu’il travaillait 12 heures par jour, qu’il transportait des sacs remplis de minerai vers un broyeur situé la frontière brésilienne. Les chercheurs d’or utilisent souvent des outils primitifs, notamment des pioches, des poulies et des treuils et creusent parfois des tunnels à main nue.
Malgré le taux d’accidents élevé et les gangs qui cherchent à tirer son profit du travail des chercheurs d’or, l’extraction de ce métal précieux reste lucrative du fait de l’hyper-inflation qui règne au Venezuela.
«L’État achète de l’or, tout le monde achète de l’or, car c’est ce qui va bien», a déclaré Jhony Diaz, négociant en or de Puerto Ordaz, une ville située à environ 650 km au sud-est de Caracas.
L’agence précise que M.Diaz vend son or au gouvernement qui le fait fondre dans des fours appartenant à Minerven, la compagnie minière gérée par l’État qui contrôle environ 56% de la production totale d’or du pays.
Citant deux hauts responsables vénézuéliens, Reuters affirme que la Banque centrale du Venezuela vend ensuite la plupart de son or artisanal directement à des raffineurs turcs.
Il est à noter que l’agence Bloomberg a annoncé la semaine dernière que l’entreprise turque Sardes avait importé en Turquie de l’or vénézuélien pour un montant de 900 millions de dollars. Un premier lot avait été transféré en janvier 2018 et le second avant l’entrée en vigueur des sanctions américaines contre Caracas.
Rappelons que jeudi 31 janvier, Reuters a annoncé que la Banque centrale du Venezuela se proposait de céder 15 tonnes d’or aux Émirats arabes unis et qu’au total Caracas avait l’intention de vendre à Dubaï 29 tonnes. Selon la même information, l’or vendu par le Venezuela devrait être payé en euros.
Sur fond de crise politique au Venezuela où l’opposant Juan Guaido s’est proclamé, le 23 janvier, chef de l’État, des médias se sont mis à avancer diverses suppositions concernant les réserves vénézuéliennes en or. Jeudi 31 janvier, la Banque centrale de Russie a déjà démenti une information selon laquelle environ 30 tonnes d’or vénézuélien qui auraient été stockées dans ses dépôts auraient été transférées à Dubaï et que l’argent retiré de la vente aurait été livré à Caracas.
Le 26 janvier, les médias ont annoncé que la Banque d’Angleterre avait refusé d’accéder à la demande des autorités légales du Venezuela et d’y renvoyer ses réserves d’or stockées à Londres. Par la suite, le Président autoproclamé Juan Guaido a annoncé prendre le contrôle des actifs du Venezuela à l’étranger.