Après avoir reçu des informations selon lesquelles les États-Unis auraient établi un contact avec des militaires vénézuéliens, Moscou a mis en garde Washington contre le recours à la force à l’égard d’un pays souverain, tout en dénonçant une éventuelle provocation susceptible de faire des victimes.
De plus en plus d’indices portent à croire qu’un coup d’État militaire au Venezuela devient une priorité pour les États-Unis, a déclaré ce jeudi le ministère russe des Affaires étrangères, par la voix de sa porte-parole, Maria Zakharova.
«Tout se résume à la mise en place d’une idée fixe, la mise en place d’un coup d’État militaire dans un pays souverain, au renversement de son leader légitime soutenu par le peuple et par l’armée», a indiqué la diplomate, intervenant lors d’un point presse.
«Les militaires vénézuéliens sont ouvertement incités à la révolte. Des appels destinés aux forces armées d’un autre État souverain pour qu’elles se rangent du côté de nouveaux dirigeants politiques, sortent de la bouche de hauts responsables à Washington», a-t-elle poursuivi. Avant d’ajouter: «Et après cela, au nom de quel droit moral les États-Unis discourent-ils de la démocratie et des bases légales au sein d’un État distinct et sur la scène internationale? Ils n’en ont aucun.»Provocation pour justifier une intervention militaire extérieure
Afin de justifier une intervention militaire extérieure, une provocation entraînant des effusions de sang pourrait être orchestrée, sous la forme d’une intervention humanitaire, selon la porte-parole.
«Sous couvert d’un convoi humanitaire, une provocation susceptible de faire des victimes est en cours de préparation. Elle servira de prétexte à une action militaire extérieure», a indiqué Mme Zakharova.
Dans ce contexte, Moscou a appelé à se retenir de tout geste capable de provoquer une escalade de tensions, tout en défendant de politiser la question de l’aide humanitaire. Tous les sujets liés aux actions humanitaires devraient être discutés conformément aux normes internationales, y compris avec la participation de la représentation de l’Onu à Caracas, ou d’autres organisations humanitaires.
Lavrov met en garde Pompeo contre une intervention militaire
Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue américain Mike Pompeo, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a mis en garde Washington contre toute ingérence militaire au Venezuela, a déclaré Mme Zakharova.Le 3 février, Donald Trump avait indiqué qu’il considérait le recours à l’armée états-unienne au Venezuela comme «une option» face à la crise politique qui secoue le pays. Caracas a condamné cette déclaration, dénonçant une «violation des normes du droit international et de la Charte de l’Onu».
Moscou propose sa médiation dans le conflit
La Russie se dit prête à proposer sa médiation dans le conflit vénézuélien, mais ce n’est qu’à condition qu’elle soit réalisée au format multilatéral. «Nous prêtons une grande attention au format de médiation qui a été proposé par le Mexique, l’Uruguay et les pays de la Communauté caribéenne», a fait remarquer Maria Zakharova.
Contacts présumés entre les États-Unis et l’armée vénézuélienne
Citant un haut responsable de la Maison-Blanche, Reuters a affirmé la semaine dernière que le gouvernement Trump s’attendait à ce que davantage de militaires prêtent allégeance à Juan Guaido, Président autoproclamé du Venezuela. «Nous continuons de nous entretenir avec des représentants de l’ancien régime de Maduro, avec des militaires, bien que ces conversations soient très très limitées», déclarait le fonctionnaire, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat.
L’opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l’Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s’est autoproclamé le lendemain «Président en exercice» du pays et a prêté serment au cours d’une manifestation. Donald Trump l’a reconnu comme «Président par intérim». Une quarantaine de pays, dont le Royaume-Uni et l’Allemagne, en ont fait de même. La France également, comme «Président en charge».La Russie, la Chine et plusieurs autres pays ont, quant à eux, soutenu Nicolas Maduro en tant que Président légitime du Venezuela. Le Kremlin a qualifié la décision de certains pays européens d’«ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela».