À l’occasion du 59e anniversaire des essais nucléaires français en Algérie, menés le 13 février 1960, des dirigeants associatifs ont appelé la France à assumer ses responsabilités dans la collecte des déchets radioactifs. Ils ont également mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la recherche scientifique dans ce domaine.
La France doit assumer sa responsabilité dans la «collecte de déchets issus de ses essais nucléaires dans le Sahara algérien en 1960», a déclaré El-Hamel Bounaama, le président de l’Association du 13 février 1960. S’exprimant lors d’une conférence publique à Alger, à l’occasion du 59e anniversaire des essais nucléaires français en Algérie, le responsable associatif a mis l’accent sur la nécessité de la prise en charge des personnes récemment contaminées en développant la recherche dans ce domaine.
Il est impératif de mettre en œuvre la «prise en charge immédiate et sérieuse des déchets résultant de ces essais nucléaires», a déclaré M.Bounaama, en soulignant que «cette responsabilité incombe à la France qui garde toujours les cartes de ces essais [à l’exception de celle déclassifiée en 2014, ndlr]».
Évoquant les effets nocifs encore engendrés de nos jours par les déchets nucléaires issus de ces essais, le responsable a appelé à renforcer les recherches scientifiques dans les régions touchées pour déterminer la liste des pathologies induites par ces explosions. Et ce «en vue de permettre aux médecins de chercher les thérapies appropriées, notamment avec l’enregistrement de cas d’atteinte de plusieurs types de cancers», outre «la difficulté à diagnostiquer d’autres types de maladies dues à ces essais», a-t-il expliqué.
Intervenant sur le même sujet à l’université des sciences et technologies Houari Boumediene (USTHB), à Alger, le ministre des Moudjahidine (Anciens combattants) Tayeb Zitouni a appelé les chercheurs et spécialistes, ayant travaillé sur ce sujet, «à présenter un compte rendu de leurs recherches en vue de fournir une prise en charge scientifique, juridique, psychologique et sanitaire des effets de ces essais nucléaires».Le 13 février 1960, la France procédait à ses premiers essais nucléaires dans la région de Reggane, dans le Sahara au sud de l’Algérie. Cet essai nucléaire atmosphérique, dont le nom de code était Gerboise bleue, a été suivi par 56 autres jusqu’à 1966. Le 14 février 2014, une carte montrant les sites où ont eu lieu les explosions nucléaires a été publiée par Le Parisien après sa déclassification sur ordre du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 4 avril 2013. Elle fait état de la propagation du nuage radioactif au-dessus de plusieurs pays africains et même au sud de l’Europe.
Quatre ans après cette publication, le docteur Ammar Mansouri, chercheur en génie nucléaire au centre de recherche nucléaire de Draria (CRND), responsable du dossier des essais nucléaires français en Algérie au sein du Commissariat à l’énergie atomique (COMENA), s’exprime sur les répercussions de ces explosions nucléaires sur la santé des gens et l’environnement. Selon lui, les sites où ont eu lieu ces explosions sont toujours dangereux pour toutes les formes de vie: pour la faune, la flore et la santé des êtres vivants.Évoquant l’impossibilité pour l’Algérie d’assumer seule la tâche de décontamination d’une zone s’étalant sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés, le docteur a évoqué la nécessité d’une coopération internationale pour effectuer ce travail.