Les exportations de blé canadien vers l’Italie sont toujours à un bas niveau en raison de l’utilisation de glyphosate. L’Italie, pays qui s’est prononcé pour l’interdiction de ce produit chimique dans l’Union européenne, ne revient pas sur ses positions, relate Radio-Canada.
L’Italie, l’un des deux plus grands acheteurs de blé en provenance du Canada, a arrêté d’en commander en énormes quantités après avoir découvert que certains agriculteurs locaux utilisaient du glyphosate afin de faire mûrir artificiellement les grains, annonce Radio-Canada. Résultat: une baisse de 70% des importations de blé canadien durant six mois, de novembre 2017 à août 2018.
Le gouvernement du Canada a récemment vérifié, pour la première fois en 40 ans, quel pourcentage de producteurs utilisent du glyphosate dans leurs champs. L’Agence canadienne d’inspection des aliments a quant à elle dévoilé il y a deux ans qu’en 2015 et 2016, près de 47,4% des légumes et 36,6% des produits céréaliers contenaient du glyphosate.
Suite à ces études, les Italiens ont eux aussi mené les leurs, en prenant comme échantillons les spaghettis des huit plus grandes marques de pâtes italiennes. Les résultats ont confirmé la présence de traces de glyphosate dans tous les échantillons — en deçà toutefois des limites autorisées.
En réponse aux demandes des consommateurs, Barilla, entreprise italienne et premier producteur de pâtes au monde, a revu à la baisse le niveau de glyphosate contenu dans ses produits alimentaires. Le blé fourni par le Canada contient dorénavant 100 fois plus de glyphosate que le nouveau seuil autorisé.
«Malheureusement, les producteurs canadiens ne sont pas capables de satisfaire cette exigence», a annoncé Luigi Ganazolli, vice-président des achats chez Barilla, cité par Radio-Canada.
L’Italie est l’un des pays qui s’est prononcé pour l’interdiction dans l’Union européenne du glyphosate. Ce produit chimique est considéré en Europe, et notamment en Italie, comme pouvant être dangereux et provoquer des cancers. En revanche, il permet de se débarrasser des mauvaises herbes sans nuire à la culture principale. De ce fait, et ce même sans approbation de la Santé Canada, les agriculteurs l’utilisent pour faire mûrir leurs champs de blé.
«Mes enfants mangent ces aliments. Ça ne m’inquiète pas du tout, parce que des agences gouvernementales à travers le monde ont conclu que le glyphosate était sécurisé», déclare un agriculteur à Radio-Canada.
Certaines personnes sont à l’inverse préoccupées par son utilisation et se manifestent contre.
«C’est un mauvais usage du produit. On ne doit pas s’en servir comme agent desséchant ni pour accélérer la maturation», a déclaré à ce média David Gehl, agronome retraité d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Selon un reportage de Radio-Canada, les agriculteurs industriels sont toujours dépendants du glyphosate. Au point que certains considèrent que s’il était interdit, les producteurs se tourneraient potentiellement vers des produits encore plus toxiques. Les chercheurs cités assument que la meilleure solution consiste à réduire l’utilisation de substances chimiques aux cas les plus nécessaires.