Dans le cadre de son projet de loi visant notamment à mieux adapter la sélection des candidats aux besoins du Québec en matière de main d’œuvre, le gouvernement de la province a annulé les dossiers de plus de 18.000 candidats à l’immigration.
Le ministre québécois de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Simon Jolin-Barrette, vient d’annuler 18.100 demandes d’immigration en attente de traitement, dont celles de près de 5.500 personnes qui vivraient déjà dans la province, a indiqué Radio Canada, citant le ministère de l’Immigration.
Le sujet est évoqué par différents médias, vu que les dossiers annulés sont ceux de candidats venus des quatre coins du monde, notamment de Français.
Une attachée de presse marseillaise, dont le permis de travail temporaire québécois est arrivé à expiration, Stéphanie Dufaud, déplore qu’il ait été décidé «purement et simplement d’annuler» ces dossiers. Pourquoi «balayer nos vies sous le tapis?», questionne la jeune femme, citée par Le Figaro, qui fait part de son «incompréhension».Le Niçois Frédéric Richand déplore lui aussi de devoir tout recommencer à zéro. Selon lui, il faudra repasser des tests de langue et valider des certifications, ce qui reviendra à plus de 3.200 euros pour sa famille, a-t-il indiqué au Figaro.
Mais il y a aussi des candidats d’autres pays.
«Je ne sais pas quoi faire, je suis désorienté. J’ai fortement choisi Montréal, car c’est la seule ville en Amérique du Nord où je veux habiter», a confié à Radio Canada le violoncelliste Kyran Assing, originaire de Trinidad-et-Tobago, qui habite au Canada depuis plusieurs années.
L’ex-ministre libérale Dominique Anglade, a d’ores et déjà déclaré que c’était «un projet de loi très inhumain».
Le ministre Simon Jolin-Barrette a cherché pour sa part à rassurer les personnes concernées, promettant d’accorder la priorité à celles qui ont déjà des offres d’emploi au Québec.
«Ça ne brise pas son rêve, a-t-il déclaré, selon TVA Nouvelles. On va pouvoir le passer en priorité parce qu’il a une offre d’emploi validée […] Ce que je veux faire, c’est que les gens, lorsqu’ils arrivent au Québec, aient toujours un emploi à la hauteur de leurs compétences.»
Il a expliqué que c’était le système d’examen des demandes qui changeait.
«Avant, c’était du premier arrivé, premier servi et on traitait tous les dossiers. Maintenant, on ne traite qu’en priorité les dossiers des gens qui répondent aux besoins du marché du travail.»
Le Québec a malgré tout promis de rembourser les frais de dossier des immigrants.La Coalition Avenir Québec (CAQ), arrivée au pouvoir en octobre dernier, a déclaré par la voix du Premier ministre, François Legault, vouloir «redonner leur fierté aux Québécois». Elle entend notamment mener à bien son projet de réduction des seuils d’immigration, une importante promesse électorale du parti. Le gouvernement Legault veut faire baisser de 50.000 à 40.000 le nombre de nouveaux arrivants reçus annuellement au Québec. La CAQ souhaite aussi qu’Ottawa cède au Québec le droit de sélectionner ses immigrés en fonction de ses propres critères.