Lors de la 55e édition de la Conférence sur la sécurité de Munich, Angela Merkel s’est prononcée contre la politique appliquée par Donald Trump en des termes qui ne resteront sans doute pas sans conséquences, a estimé dans un entretien accordé Willy Wimmer, ancien secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de la Défense.
Cette dernière Conférence sur la sécurité de Munich aura été une sorte de rencontre de la «coalition anti-Trump» et le discours de la chancelière allemande y aura été applaudi même par les partisans dirait-on inébranlables de cette coalition militaire conduite par les États-Unis, a déclaré Willy Wimmer, ex-secrétaire d’État allemand à la Défense, commentant la critique de la politique de Donald Trump par Angela Merkel.
«Cela est aussi devenu évident d’après le discours prononcé par le vice-Président des États-Unis Pence […] qui n’était pas du tout convaincant […] et qui permettait de constater que le rôle de leader des États-Unis à l’Otan n’était pas dû à la coïncidence des intérêts de tous ses membres, mais à des contraintes et à un chantage permanents», a estimé l’interlocuteur de l’agence.
Et de rappeler que quand la Russie avait invité les attachés militaires occidentaux à assister à la démonstration du missile qui avait servi de prétexte aux États-Unis pour rompre le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), Washington avait fait pression sur les attachés militaires occidentaux. Finalement, à part les diplomates de Chypre et de la Grèce, personne d’autre n’a osé venir le voir.
«Nous avons entendu les mêmes menaces de la bouche du vice-Président Pence au sujet du gazoduc Nord Stream 2 à Munich et, le jour précédent, à Varsovie. Mais si quelqu’un ne tient le rôle de leader dans une alliance quelconque que grâce à la contrainte et au chantage, cette alliance ne manquera pas d’éclater tôt ou tard», a souligné M.Wimmer.
Selon ce dernier, tout cela rappelle bien les temps de la Guerre froide, et même si un jour ou l’autre, à Washington, on dénonce, on ne sait pas pourquoi, moins fréquemment la Russie, cela ne signifie rien.
«Aussi, est-il nécessaire que le Président américain Donald Trump jouisse enfin d’une marge de manœuvre pour pouvoir mettre en œuvre sa propre politique. Et tant que cela est impossible, je suppose que la coalition militaire transatlantique à Washington, à Berlin, à Paris, à Bruxelles et à Londres fera tout pour que le monde ne devienne pas plus sûr», a résumé l’interlocuteur.
Intervenant à la Conférence sur la sécurité de Munich, Angela Merkel a dénoncé avec fermeté l’unilatéralisme des États-Unis, notamment leur retrait du Traité FNI et de l’accord nucléaire avec l’Iran, et constaté que le monde devenait de plus en plus fragmenté.