La technologie militaire chinoise pourrait surpasser toute concurrence mondiale

Le sujet « Anti-satellite », ou encore ASAT, avait fait l’objet de deux articles bien distingues ici, à East Pendulum, en Septembre 2016. Le premier, paru le 4 Septembre 2016, parle d’un éventuel essai de laser anti-satellite depuis un site en province du Xinjiang, et le deuxième, publié deux semaines plus tard, fait une tentative d’analyse sur la livraison possible d’un nouveau lot de missile ASAT à l’armée chinoise – une livraison qui a été réalisée par la société China Sanjiang Space Group (CSSG), filiale du bien connu groupe missilier chinois CASIC.

Et si le mot Anti-satellite n’est depuis associé qu’occasionnellement à la Chine pour des fins de communication bien précises, deux rapports officiels américains rendus publiques récemment semblent être assez affirmatifs sur le fait que la Chine va déployer très prochainement, sinon déjà fait, des dispositifs multiples pour contrer les moyens spatiaux américains, et viendra donc challenger la « supériorité » voir « suprématie » des Etats Unis en ce domaine.

Dans son rapport « Competing in Space » de Janvier cette année, le Centre national de renseignement aérien et spatial (National Air and Space Intelligence Center, NASIC), entité attachée à l’US Airforce, indique pour la première fois que la Chine dispose désormais des unités qui s’entraînent avec des missiles anti-satellite.

« Ces missiles peuvent détruire les systèmes spatiaux des Etats Unis et de ses alliés en orbite basse, rendant vulnérables les satellites de renseignement, de surveillance, et reconnaissance et de communication », souligne le même rapport.

Lorsque l’on parle du missile anti-satellite chinois, on se rappelle naturellement du satellite météorologique chinois FY-1C qui a été détruit par impact cinétique direct avec une tête similaire à l’EKV, en Janvier 2007. Si ce que présente dans le rapport de l’USAF s’est effectivement avéré, cela reviendra à dire que la Chine a maintenant franchi l’étape expérimentale pour entrer dans l’application concrète de ses armes anti-satellite.

Si plusieurs unités de l’armée chinoise ont commencé à s’entraîner avec un tel vecteur depuis peu (?), alors notre hypothèse selon laquelle CSSG aurait livré un nouveau lot de missiles ASAT en fin Mai 2016 pourrait bien être mise en lien avec l’information révélée par les Américains.

Il veut aussi dire que le « Projet 8005 », nom code d’un vaste programme de développement chinois sur les armes cinétiques, a au moins un descendant qui est entré en service ou en voie de l’être, en plus de plusieurs vecteurs anti-missiles en test depuis une dizaine d’années.

Arbre généalogique partiel du Projet 8005

Arbre généalogique partiel du Projet 8005

On notera que le missile anti-satellite n’est pas le seul vecteur chinois mentionné dans le rapport de l’USAF : « Armes cybernétiques, électroniques ou d’énergie dirigée, ainsi que d’autres armes spatiales, vont permettre aux adversaires potentiels d’engendrer des effets dommageables. »

A ce sujet, un autre rapport américain, intitulé « Challenges to Security in Space » et publié cette fois-ci par l’agence DIA (Defense Intelligence Agency) de la Pentagone au début d’année, suggère que la Chine pourrait mettre en service une arme en laser au sol d’ici 2020, capable d’atteindre les capteurs en orbite basse (c’est-à-dire les satellites de reconnaissance par exemple), et un système de laser suffisamment puissant pour « étendre la menace jusqu’à la structure des satellites non optiques » dans la deuxième moitié des années 2020′.

China’s PLA has formed military units and begun initial operational training with counterspace capabilities that it has been developing, such as ground-launched ASAT missiles.

L’APL de la Chine a formé des unités militaires et commencé l’entraînement opérationnel initial avec les capacités contre-espaces qu’elle a mises au point, comme les missiles antisatellites lancés au sol.

S’il s’agit aussi de la première fois qu’un service de renseignement américain révèle un planning aussi précis sur les armes à énergie dirigée chinoises, les citations utilisées par ce deuxième rapport ont une istorique qui remontent pour la plupart à il y a 10 ans, sinon plus.

En effet, les auteurs du rapport semblent avoir analysé plusieurs documents universitaires chinois datant entre 2002 et 2010, tout en s’appuyant sur le rapport et le témoignage du Directeur du renseignement national Daniel Ray Coats devant le Congrès en Février 2018, pour avancer sur les dates écrites.

On notera que dans le rapport de Dan Coats, il a aussi fait mention des unités de l’armée chinoise qui ont commencé leur « entraînement opérationnel initial » autour des moyens contre-espace, notamment des missiles anti-satellite.

Mais contrairement au sujet du missile anti-satellite où l’annonce est faite de manière affirmative, les différents rapports américains sont plutôt restés sur du conditionnel pour les systèmes laser chinois.

Mis à part les quelques (supposés) essais chinois du laser « pointant vers le ciel » où les messages aux navigants aériens (NOTAM) sont consultables publiquement, les systèmes laser à grande puissance, quant à eux, semble encore rester dans l’ombre malgré un développement qui remonte à il y a près de 60 ans, dans les année 60′, et qui ne demandent qu’à être révélés.

L’un des sites chinois du laser grande puissance au sol

L’un des sites chinois du laser grande puissance au sol

source : http://www.eastpendulum.com/anti-satellite-la-chine-sarme-avec-du-laser-et-des-missiles