Trois députées opposées au Brexit ont quitté mercredi le Parti conservateur de Theresa May pour rejoindre des élus travaillistes sécessionnistes, un geste qui ouvre la voie à une recomposition politique.
Anna Soubry, Heidi Allen et Sarah Wollaston ont annoncé leur intention de se rallier au Groupe indépendant au Parlement créé lundi par des travaillistes ayant eux-mêmes claqué la porte de leur parti et qui compte désormais onze députés unanimes dans leur opposition à la politique de la Première ministre sur la sortie de l’UE du Royaume-Uni.
Ces défections fragilisent encore un peu plus Theresa May au moment où elle tente d’obtenir des dirigeants européens des modifications dans l’accord sur le Brexit, rejeté par le Parlement britannique en janvier. Ce qu’ils ont pour l’instant fermement refusé.
Elle doit s’entretenir à 17H30 GMT à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « pour faire le point ».
« Le Brexit a redéfini le Parti conservateur – annulant tous les efforts déployés pour le moderniser », écrivent les trois députées dans leur lettre de démission, estimant que leur formation a « abandonné (ses) principes et (ses) valeurs ». Toutes trois sont favorables à un nouveau référendum et s’étaient prononcées contre le Brexit à celui de 2016.
Elles dénoncent le « virage à droite » opéré selon elles par le parti, sous l’influence conjuguée de l’European Research Group, un groupe de députés eurosceptiques très influent considéré comme un « parti au coeur du parti », et du DUP, l’allié nord-irlandais archi-conservateur, avec lequel les Tories ont signé un accord d’alliance pour garantir au gouvernement la majorité absolue à la Chambre des Communes.
« Le coup de grâce a été la gestion désastreuse du Brexit par ce gouvernement », ajoutent-elles, regrettant l’absence d’efforts pour « bâtir un consensus » dépassant les contingences partisanes.
Au cours d’une conférence de presse, Heidi Allen a jugé que les partis britanniques « avaient été incapables de prendre la mesure du défi » lancé par le Brexit, de « proposer un plan, ou d’entendre les divisions qui déchirent nos villes, nos villages et nos foyers ». « Nous avons besoin de repartir d’une feuille vierge ».
Sur Twitter, Theresa May s’est dite « attristée » par la décision de ces trois élues, qu’elle a remerciées pour leur « dévouement au service du parti depuis de nombreuses années ».
Elle a souligné que le Brexit avait été « une source de désaccords aussi bien au sein du parti que dans le pays », tout en rappelant sa détermination à mener à bien le divorce d’avec l’UE. Avant de conclure être convaincue que, sous sa direction, « le Parti conservateur offrira toujours la politique respectable, modérée et patriotique que mérite la population de ce pays ».