Brigitte Macron savait que sa vie allait changer, mais à ce point-là… Dans Mme la Présidente, les journalistes Ava Djamshidi et Nathalie Schuck décrivent une première dame qui tente à tout prix de préserver sa liberté de ton et d’agir dans un milieu hostile et hors sol.
« Il y a un côté reine des neiges ici », lance-t-elle un jour aux deux journalistes, craignant de finir enfermée dans ces murs dorés. « Vous avez une chape qui vous tombe dessus, décrit-elle aux deux auteures. Vous représentez des Françaises et des Français qui n’ont pas voté pour vous. Il ne faut pas les gêner… » D’un autre côté, elle refuse de dissimuler sa nature. « Je ne sais pas faire. J’ai 65 ans, j’en suis incapable ! » Alors tant pis pour les dérapages et les fautes de carre !
À son arrivée, elle impose son style, dépoussière les lieux, change le décor en puisant dans le mobilier national, donne une touche plus contemporaine avec des tableaux de Nicolas de Staël, Alechinsky ou Delaunay. « On va s’assécher culturellement, sinon », confie l’ancienne prof de lettres. Dans l’aile privative, Brigitte et Emmanuel Macron prennent peu à peu leurs marques, changent le sommier et le matelas de François Hollande, font venir des lits superposés Ikea pour les petits-enfants… Ils décident d’emblée de régler sur leurs deniers leurs frais personnels, « du tube de dentifrice aux croquettes de Nemo », précise l’ouvrage. Dès que des proches ou leurs petits-enfants s’invitent, ils règlent un forfait établi par les services du palais. « On ne veut pas d’histoires », résume la première dame. Les polémiques soulevées par la commande d’une nouvelle vaisselle sont toujours vivaces…
Il y a eu aussi quelques bons fous rires, notamment quand Emmanuel Macron a activé une nuit par erreur le panic button, prévu en cas d’urgence. Les auteures racontent comment l’agent du Groupe de sécurité de la présidence accourt sur les lieux, comme il est d’usage, avant de se retrouver nez à nez avec Brigitte Macron, tout juste sortie du lit. Elle le reçoit en s’excusant, explique l’erreur, mais le garde du corps insiste, il veut voir de ses yeux si le président va bien. Sourire gêné de la première dame, qui explique que son mari « n’est pas visible… »
Dans ce palais de verre, où tout se sait et tout se voit, difficile de garder une intimité. Pour décrocher, ils filent le week-end à La Lanterne, la résidence présidentielle située en bordure du parc de Versailles. Ici, pas de collaborateurs ni de réunions. Il arrive que Brigitte cuisine une omelette et rejoigne son mari devant The Voice, qu’ils regardent en duo. Le président se met aussi au piano pour jouer du Schumann, du Liszt ou encore… « Love me, please love me » de Michel Polnareff. Brigitte Macron n’a jamais caché son goût pour la culture populaire, même si elle dévore les classiques et fréquente les expositions pointues. On apprend ainsi qu’elle écoute fréquemment Oui FM dans sa voiture, ou les « Grandes Gueules » sur RMC, n’aime rien tant que s’arrêter dans un Courtepaille, au point d’avoir téléchargé l’application, a ri devant Les Tuche 3, s’amuse à prendre l’accent picard de sa région du Nord – quand son mari n’est pas là – et n’est pas la dernière à sortir des blagues assez crues…