Les syndicats de police de Bordeaux, place forte des « gilets jaunes » et théâtre chaque samedi de heurts violents, ont saisi aujourd’hui leurs autorités nationales sur la situation « critique » et la « lassitude » des policiers, réclamant des moyens de lutte plus efficaces contre « la guerilla urbaine ».
Dans une lettre commune, remise à Bordeaux au directeur général de la police nationale Éric Morvan et au directeur central de la sécurité publique Jean-Marie Salanova, les branches locales des syndicats Alliance et Unsa-Police ont démandé à être associées, au sein de « cellules de concertation », à la définition d’une stratégie de « réponse précise et cohérente » aux exactions.
« Nous tenons absolument à vous rapporter la lassitude morale et physique de nos agents, qui outre le fait d’exposer leur intégrité physique, sont largement stigmatisés dans les médias, ou sur les réseaux sociaux », indique la lettre, remise à Éric Morvan et Jean-Marie Salanova en marge de la cérémonie d’installation du nouveau directeur départemental de la sécurité publique de Gironde, Patrick Mairesse.
« Nous sommes sur le fil du rasoir depuis trois mois », a déclaré à l’AFP le secrétaire régional d’Alliance Éric Marrocq, évoquant des policiers « surexploités, surexposés », et confrontés, en fin de manifestations des « gilets jaunes » le plus souvent pacifiques, à des engagements « de petit groupes très mobiles, très violents », face auxquels le maintien de l’ordre traditionnel ne suffit pas. « D’encadrement de manifestations, la mission des policiers bascule en lutte contre la guérilla urbaine en fin de journée le samedi avec des moyens et des méthodes d’action similaires », poursuit la lettre, transmise à l’AFP. « Ce phénomène doit (…) être modifié pour une meilleure efficience des forces de police dans la préservation de l’ordre public et dans la lutte contre les dégradations sauvages ».
Les syndicats demandent en outre « la mise en application immédiate du dispositif législatif dit anti-casseurs », qui permettrait « une meilleure coordination afin d’écarter les fauteurs de troubles identifiés ». Les syndicats disent avoir été entendus par le DGPN Éric Morvan qui, dans son allocution, a souligné que la direction centrale a « bien conscience » des sacrifices demandés chaque samedi aux policiers, et les a « exhortés » à « tenir bon, parce qu’ils sont la colonne vertébrale » de la république.
« Nous ne voulons pas jeter d’huile sur le feu, on tient parce qu’on est professionnels et qu’on est obligés de le faire », a déclaré Éric Marrocq. « Mais il y aura un «après gilets jaunes», à la fois en terme de contrecoup chez les policiers, et de mouvement social dans la police ».