Plusieurs partis français ont du mal à obtenir des prêts. Peu importe leur poids annoncé dans les différents sondages, relève Le Parisien.
Le Rassemblement national, les Républicains et La France insoumise ont un drôle de point commun à l’approche des élections européennes. Les trois partis, crédités de 19 à 7,5 % selon un dernier sondage BVA, font campagne les poches vides. Impossible d’avoir accès à un prêt bancaire malgré leurs essais répétés, dévoile Le Parisien.
Comment faire campagne sans avoir de financement bancaire ? Pour les partis qui ne bénéficient pas d’importantes dotations publiques ou d’une importante trésorerie, l’équation devient de plus en plus complexe, alors que le scrutin du 26 mai se rapproche à grands pas. D’un côté, on trouve les partis qui ne sont pas certains d’atteindre les 3 % de voix nécessaires à un remboursement. C’est par exemple le cas de Génération.s, le parti de Benoît Hamon, des Patriotes de Florian Philippot ou encore du PCF. Autant de partis qui se retrouvent à bricoler une campagne avec des bouts de ficelle ou à compter sur leurs membres. Mais dans le cas des partis qui possèdent une assise électorale plus assurée, la situation n’est pas toujours plus facile.
Une campagne de raccrocs pour le RN
La liste du Rassemblement national de Jordan Bardella n’a toujours pas réussi à obtenir un prêt, pour sa campagne dont le budget est estimé à 4,3 millions d’euros. Faute d’obtenir un prêt en France, c’est vers les banques européennes que se tourne le parti de Marine Le Pen. Dans Le Journal du dimanche, Philippe Olivier, le conseiller spécial de la présidente, n’hésite pas à dénoncer une « fatwa bancaire ». Conséquence directe pour le parti, l’obligation de faire campagne sans affiche ni prospectus. Les réunions se déroulent aussi loin des zéniths. Gilles Pennelle, le responsable de l’organisation des débats publics, doit improviser, en optant parfois pour… des fermes. « La dernière fois, à la Trinité-Porhoët, l’agriculteur me l’avait mise à disposition gratuitement. Cela ne coûte rien, juste la sono et le décor, et puis c’est convivial. »
Il faut dire que le Rassemblement national cumule les handicaps d’un point de vue financier. Depuis la clôture de ses comptes par la Société générale en 2017, le parti n’a plus de chéquier et ne peut pas réaliser d’adhésion en ligne. Le gel d’un million de subventions publiques au mois de septembre 2018 a encore compliqué la donne. Quand on sait que les derniers comptes publiés en 2017 par la CNCCFP (Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques) annonçaient 24 millions d’euros de dettes pour le RN, on peut sans doute comprendre aussi partiellement les réticences des banques.
L’ombre des scandales financiers
Chez LR, peu ou prou le même constat quant aux relations avec les banques. François-Xavier Bellamy, qui demande ainsi un prêt en son nom, n’a toujours pas obtenu de réponse positive. Pas même de sa propre banque. Le parti préfère temporiser, comme l’explique Daniel Fasquelle au Parisien. « On va reprendre les démarches quand on aura un budget prévisionnel de campagne, un président et un trésorier d’une association de financement. » Du côté de La France insoumise, les demandes effectuées en juillet sont restées sans réponse pour l’instant. MoDem et LREM n’ont pas de soucis grâce aux dotations publiques, tout comme le PS qui a vendu son siège historique, rue de Solférino.
Pourquoi de telles difficultés ? Le secteur bancaire serait tout simplement devenu frileux face à la perspective de financer des campagnes politiques. L’invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy et les obligations de contrôle renforcées depuis 2016 sont passées par là. Reste la promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle d’une « banque de la démocratie », destinée à financer les partis politiques. Enterrée depuis, l’idée pourrait pourtant faire son retour dans le grand débat national sous l’impulsion du MoDem. Mais il sera alors trop tard pour les européennes…