Téhéran pourrait surprendre les États-Unis si ces derniers venaient à durcir les sanctions qui frappent actuellement les exportations iraniennes de pétrole, selon le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
Téhéran est en mesure de surprendre Washington s’il décide de durcir ses sanctions qui visent les exportations iraniennes de pétrole, a annoncé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif dans une interview accordée au quotidien suisse Basler Zeitung.
«Je ne dirai pas quels sont ces moyens. Trump aime les surprises, nous allons donc lui en offrir», a-t-il déclaré, évoquant l’hypothèse selon laquelle tous les importateurs de pétrole iranien décideraient de se plier à la pression américaine, ajoutant que l’Iran disposait d’autres moyens.
M.Zarif a également indiqué que la communauté internationale ferait mieux de se concentrer sur ses intérêts dans le domaine des échanges avec Téhéran.
«Les Européens doivent se demander ce qu’ils feront si les États-Unis venaient à exiger qu’ils mettent fin aux échanges avec la Chine», a-t-il suggéré.
Le ministre trouve également insuffisant le mécanisme européen Instex visant à contourner les sanctions états-uniennes dans le cadre des transactions commerciales avec l’Iran, car son pays a besoin d’investissements et les sanctions sont un obstacle à l’implantation et au développement dans le pays de sociétés étrangères.
En mai dernier, le Président Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015, de même que le rétablissement des sanctions contre l’Iran, y compris celles qui touchent les pays commerçant avec Téhéran. Certaines de ces sanctions ont été rétablies le 7 août 2018, tandis que d’autres sont entrées en vigueur le 5 novembre dernier.
Washington a notamment inscrit plus de 700 personnes, entités, avions et navires iraniens sur sa liste noire. Parmi les entités concernées figurent 14 banques. Toutefois, la Chine, la Corée du Sud, la Grèce, l’Inde, l’Italie, le Japon, la Turquie et Taïwan ont été provisoirement autorisés à acheter du pétrole iranien.Les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères ont annoncé le 31 janvier la mise en place d’un mécanisme de troc avec l’Iran baptisé INSTEX (Instrument in Support of Trade Exchanges). Implanté à Paris, il sera dirigé par Per Fischer, un ancien haut responsable allemand de la Commerzbank. Dans un premier temps, ce dispositif protégera le commerce dans l’industrie pharmaceutique, l’agroalimentaire et le secteur des équipements médicaux.
La décision de créer ce système, visant à éviter les transactions monétaires en dollars pour échapper aux sanctions américaines, a été prise en septembre 2018.