Les dirigeants de l’Union européenne et de la Ligue arabe se réunissent, depuis dimanche à Charm el-Cheikh, dans l’est de l’Egypte, pour un sommet inédit pour promouvoir la coopération renforcée entre les deux régions voisines.
C’est un sommet inédit qui a lieu en Égypte. Pour la première fois, la Ligue arabe et l’Union européenne se sont réunis dimanche 24 février à à Charm el-Cheikh, dans l’est, pour évoquer la coopération entre les deux régions voisines.Le sommet doit se poursuivre lundi.
« Aujourd’hui, nous sommes là pour renforcer notre coopération pour le bénéfice de nos peuples. Nous devons faire cela ensemble et ne pas le laisser à des puissances mondiales loin de notre région », a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk lors de son discours d’ouverture dimanche, dans une allusion à la Chine et à la Russie.
Le sommet intervient à un moment où les États-Unis se désengagent de la région, au contraire de la Russie et la Chine, ce qui n’est « pas nécessairement dans notre intérêt », a assuré dimanche à l’AFP une source de l’UE.
« Nous ne voulons pas voir ce vide (laissé par les Etats-Unis, ndlr) absorbé par la Russie et la Chine », a ajouté une autre source, avant de préciser que les Européens voient le sommet comme une chance de préserver leurs intérêts diplomatiques économiques et de sécurité.
Dans un tweet, le porte-parole de l’Union européenne (UE), Preben Aamann, a souligné que l’UE « est de loin le plus important partenaire des pays de la Ligue arabe. La même chose que la Chine, les Etats-Unis et la Russie combinés. »
Le dossier des migrations, au coeur des relations entre les deux blocs, a également été abordé par Donald Tusk: « nous devons travailler ensemble, pays d’origine, de transit, et de destination, afin de casser le ‘business model’ des passeurs et des trafiquants », a-t-il dit.
« Ensemble face au danger »
Pour sa part, l’hôte du sommet, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a estimé que l’immigration n’était « pas un défi » mais un « secteur prometteur de coopération entre nos pays ». En outre, il a souligné la nécessaire collaboration entre les deux rives de la Méditerranée en matière de lutte contre le terrorisme, un sujet dont le président égyptien a fait son cheval de bataille.
« Le danger du terrorisme haineux se propage partout dans le monde (…) et nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin de nous dresser ensemble face à ce danger », a-t-il dit lors de son discours d’ouverture dans une grande salle de conférence fraîchement inaugurée.
Les dirigeants de près d’une quarantaine de pays des deux côtés de la Méditerranée ont été accueillis dimanche par Abdel Fattah al-Sissi dans la station balnéaire, au bord de la mer Rouge, placée sous haute sécurité. Le président égyptien a souligné la « participation élevée » au sommet, signe de succès pour son pays après une période d’instabilité politique et économique causée par la révolte de 2011 et la chute du régime d’Hosni Moubarak.
Selon une source diplomatique occidentale, il s’agit d’une « bonne opération pour l’Egypte qui montre en organisant ce sommet qu’elle revient sur le devant de la scène diplomatique ».
Le président Sissi avait accueilli dès samedi ses premiers hôtes dans la station balnéaire sur la mer Rouge: parmi eux, le roi Salmane d’Arabie saoudite, le président roumain Klaus Iohannis dont le pays assume la présidence tournante de l’UE, ou encore le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, était également sur place dimanche.
Parmi les rares absents côté européen figurent, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, les dirigeants lituaniens et lettons ainsi que le président français Emmanuel Macron. La France est représentée par son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et l’Allemagne par sa chancelière Angela Merkel.
Les Européens, et leurs homologues des Etats arabes, ont dit vouloir avant tout se concentrer sur la coopération arabo-européenne. Selon le secrétaire général adjoint chargé des affaires internationales, Khaled al-Habbas, la Ligue arabe attend du sommet de Charm el-Cheikh un « nouveau départ ».
Au deuxième et dernier jour du sommet lundi, l’accent sera mis plus particulièrement sur les dossiers régionaux dont le Yémen, la Libye, la Syrie ou le processus de paix israélo-palestinien.