S’ouvrir à l’activité privée sans renoncer au socialisme : c’est l’un des principaux changements dans la nouvelle constitution cubaine, soumise à référendum dimanche, qui limite aussi le mandat présidentiel à cinq ans, renouvelable une fois.
Huit millions de Cubains sont attendus dans les bureaux de vote, dimanche 24 février, pour voter sur la nouvelle constitution de l’île. Cette dernière doit réaffirmer le caractère socialiste de l’État insulaire malgré les pressions des États-Unis. Cuba espère également obtenir un plébiscite pour le socialisme, au moment où son allié vénézuélien est en pleine tourmente.
« Nous les Cubains, nous votons pour notre Constitution, nous votons pour l’Amérique latine et les Caraïbes, nous votons aussi pour le Venezuela, nous défendons le Venezuela, car au Venezuela se joue la dignité du continent », a lancé aux journalistes le président Miguel Diaz-Canel, après avoir voté.
Prévue pour adapter la Constitution de 1976 à l’ouverture économique de l’île, la réforme reconnaît le marché, la propriété privée et les investissements étrangers comme nécessaires pour relancer la croissance d’un pays miné par les pénuries. Mais elle a surtout été brandie ces dernières semaines par le gouvernement comme étendard du socialisme, en défense de Nicolas Maduro.
Cuba n’a cessé de clamer sa solidarité avec Caracas, qui lui apporte pétrole et soutien économique. Lors d’une campagne intitulée « Manos fuera de Venezuela » ( Pas touche au Venezuela), le gouvernement a mobilisé soldats, employés, étudiants et écoliers qui ont recueilli 3,6 millions de signatures de soutien, selon la chargée de commerce du Venezuela à La Havane.
La nouvelle Constitution réaffirme le rôle unique du Parti communiste cubain (PCC) et insiste sur le caractère « irrévocable » du socialisme, en vigueur à Cuba depuis la révolution de 1959 et devenu l’ennemi juré de Donald Trump sur le continent américain. Ce dernier a assuré que « les jours du communisme étaient comptés au Venezuela, mais aussi au Nicaragua et à Cuba », et promis que les États-Unis ne seraient « jamais un pays socialiste ».
Alors que le président Maduro est soumis à une intense pression internationale, l’idée que Cuba est le prochain sur la liste se renforce chaque jour. Samedi, le sénateur de Floride Marco Rubio a répondu au président Diaz-Canel, qui sur Twitter, prenait la défense de Caracas: « Bientôt ton tour ». Mais La Havane ne compte pas se laisser faire et se pose en défenseur de la gauche latinoaméricaine.