Dans le feu des manifestations contre le cinquième mandat du Président Bouteflika, les éventuelles conséquences d’une «déstabilisation de l’Algérie» bouleversent l’esprit des diplomates français, écrit Libération. Selon le quotidien, la plus grande peur de Paris dans cette situation est l’immigration massive de jeunes Algériens en France.
«L’Élysée s’est naturellement abstenu de commenter publiquement les manifestations massives contre un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika», commence l’article «Silencieux, l’Élysée craint un afflux d’immigration», publié dans le quotidien Libération évoquant les risques pour la France d’une déstabilisation en Algérie.
Ainsi, une situation instable en Algérie constitue «l’une des plus grandes menaces géopolitiques du moment», comme l’estiment plusieurs diplomates français, écrit le journal, évoquant des menaces économiques et militaires. La première étant liée au fait que l’Algérie est l’un des principaux fournisseurs d’énergie de la France, la seconde faisant référence à l’opération Barkhane au Sahel.
En outre, l’article souligne que «Paris craint surtout qu’une crise politique ne pousse la jeunesse à l’immigration, comme en Tunisie après la chute de Ben Ali». Ce risque étant d’autant plus élevé, la moitié des 40 millions d’Algériens ont moins de 20 ans.
Ensuite, le journal cite en guise d’exemple une visite d’Emmanuel Macron à Alger en décembre 2017 durant laquelle le chef d’État a constaté que «beaucoup avaient réclamé un assouplissement de sa politique en matière de visas».
«J’ai vu ce matin trop de jeunes qui m’ont simplement demandé un visa, un visa ce n’est pas un projet de vie», avait alors contesté le Président.
Qui plus est, le locataire de l’Élysée «entend être le Président qui saura tourner la page des relations empoisonnées par le passé colonial», poursuit le journaliste.
Néanmoins, le député LREM Saïd Ahamada a souligné que le «peuple algérien et les chefs d’entreprises ont déjà tourné la page» du passé. Ce qui reste à faire «de l’autre côté de la Méditerranée», conclut l’auteur de l’article.
Abdelaziz Bouteflika, 81 ans et victime d’un AVC en 2013, au pouvoir sans interruption depuis 1999, a annoncé le 10 février qu’il briguera un cinquième mandat en Algérie. L’élection présidentielle algérienne se déroulera mi-avril.Des opposants à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle ont manifesté vendredi 22 février dans plusieurs villes d’Algérie. Dimanche, de nombreux manifestants ont également défilé à Paris et à Alger.