Michael Cohen, l’ex-avocat de Trump, entendu au Congrès sur les secrets de son patron

L’ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, témoigne mardi au Sénat sur la Russie et les affaires privées du président américain, pour la première de ses trois auditions prévues au Congrès, qui sont l’attraction politique de la semaine à Washington.

L’avocat de 52 ans, qui proclamait il y a encore deux ans être prêt à « prendre une balle » pour son patron, est devenu un témoin à charge contre le président après avoir accepté de coopérer avec la justice.

Le premier acte a lieu à huis clos face à la puissante commission sénatoriale du Renseignement. Il s’est présenté en compagnie son avocat Lanny Davis, sans faire de commentaire.

M. Davis a indiqué la semaine dernière sur ABC que son client devrait détailler « ses expériences personnelles et de première main » concernant Donald Trump, dont certaines « font froid dans le dos ».

Devant les parlementaires, il devrait décrire « les mensonges, le racisme et la tricherie » de Donald Trump, en tant qu’homme d’affaires ou comme président, et raconter ses relations « personnelles et privées » avec son client, a souligné pour sa part le Washington Post citant des sources proches du dossier.

Les sénateurs attendent de ce témoin vedette qu’il dise « la vérité », ont affirmé plusieurs d’entre eux lundi à CNN, alors que Michael Cohen a admis avoir menti lors de sa première audition par le Congrès en 2017.

« Théoriquement, j’aimerais qu’il dise la vérité, et qu’on lui pose les mêmes questions qu’on lui avait posé la première fois pour voir quelles sont ses réponses », a expliqué la sénatrice républicaine Susan Collins.

La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, qui accompagne le président Trump au Vietnam pour un sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a réfuté par avance la sincérité de Michael Cohen, un « criminel qui s’est déshonoré ».

« Il est risible de penser qu’on puisse croire un menteur condamné comme M. Cohen, et c’est pathétique de lui donner une nouvelle occasion de répandre ses mensonges », a-t-elle dit.

Le deuxième acte, mercredi à la Chambre des représentants, récemment repassée sous contrôle démocrate, attirera tous les regards car l’audition sera publique et retransmise à la télévision.

« Loyauté aveugle »

Il devrait être interrogé sur les finances de la Trump Organization, pour laquelle il a travaillé pendant dix ans, les déclarations d’impôts du promoteur, les comptes douteux de sa fondation, le projet de Trump Tower à Moscou en pleine campagne présidentielle. Et bien sûr les 280.000 dollars qu’il a versés à deux femmes, Stormy Daniels et Karen McDougal, pour acheter leur silence sur leurs liaisons supposées avec le milliardaire.

Enfin, Michael Cohen témoignera jeudi devant la commission du Renseignement de la Chambre, de nouveau à huis clos, pour parler du sujet le plus sensible: les contacts entre l’équipe Trump et des Russes durant la campagne de 2016, et une éventuelle collusion pour battre Hillary Clinton que le président républicain dément fermement depuis sa victoire.

Il ne devrait en revanche pas s’exprimer sur l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, qui porte sur ces soupçons de collusion et une éventuelle obtruction à la justice du président américain, et semble toucher à sa fin.

Ces auditions avaient été reportées plusieurs fois, Michael Cohen ayant affirmé avoir reçu des « menaces » contre sa famille après avoir regretté publiquement d’avoir couvert les « sales coups » et les « crimes » de son ex-patron.

L’ancien gardien des secrets de la famille Trump n’a rien à perdre. Il a été rattrapé par la justice et condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale, parjure et infraction au code électoral. Il sera incarcéré le 6 mai.

Michael Cohen a accepté de coopérer avec l’équipe Mueller, ce qui agite Donald Trump qui a posté une multitude de tweets injurieux contre son ex-lieutenant.

Il a ainsi affirmé avoir payé les deux maîtresses présumées « à la demande » du président américain.

Il a aussi admis en janvier avoir payé pour truquer des sondages en ligne à l’avantage du milliardaire au début de la campagne présidentielle de 2016, disant regretter sa « loyauté aveugle envers un homme qui ne le mérite pas ».

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