Soudan : un «retour à un régime militaire»

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la Norvège ont déploré mardi le « retour à un régime militaire » au Soudan après une série de mesures prises par le président Omar el-Béchir face au mouvement de contestation qui réclame son départ.

Face à la persistance des manifestations déclenchées le 19 décembre, à l’origine motivées par le triplement du prix du pain, le président soudanais a décrété vendredi l’état d’urgence dans tout le pays. Il a aussi annoncé la dissolution du gouvernement aux niveaux fédéral et provincial et la nomination à la tête des 18 régions du pays de 16 officiers de l’armée et deux responsables de la sécurité.

« Autoriser les forces de sécurité à agir dans l’impunité est de nature à davantage porter atteinte aux droits humains, à la bonne gouvernance et à la gestion économique », ont indiqué les quatre pays dans un communiqué commun publié à Khartoum. « Le retour au régime militaire ne favorise pas un environnement propice pour la reprise d’un dialogue politique ou pour des élections crédibles », ajoutent-ils.

Les quatre pays appellent par ailleurs le gouvernement à libérer toutes les personnes arrêtées lors des dernières manifestations, jugeant « inacceptable l’utilisation de balles réelles contre les manifestations ou les mauvais traitements contre les détenus ». Le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) mène la répression et a arrêté depuis décembre des centaines de manifestants, leaders de l’opposition, militants et journalistes, d’après des ONG. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes depuis le 19 décembre. L’ONG Human Rights Watch (HRW) évoque le chiffre de 51 morts. Omar el-Béchir, qui fait face au plus sérieux défi depuis son arrivée au pouvoir il y a 30 ans, a décrété lundi que seules les manifestations autorisées seraient tolérées.

Dans le cadre des mesures liées à l’état d’urgence, il a aussi précisé avoir autorisé les forces de sécurité à mener des raids dans des bâtiments « où sont menés des activités suspectes » ainsi que des fouilles corporelles. Il a également banni « la publication ou l’échange y compris sur les réseaux sociaux d’informations portant atteinte à l’Etat ou aux citoyens ».