L’Ukraine, empêtrée dans un imbroglio pour le choix de son candidat pour l’Eurovision, envisage de renoncer à ce concours musical aux enjeux de plus en plus politiques pour Kiev ces dernières années, sur fond de tensions avec Moscou, a indiqué mercredi le diffuseur national.
Après l’abandon de la chanteuse Maruv qui avait remporté le vote du public, dénonçant une volonté d’instrumentalisation politique, deux autres groupes ont refusé de représenter l’Ukraine lors de ce populaire concours pop, qui aura lieu cette année en mai en Israël. « Nous sommes confrontés à une crise à laquelle il n’y a pas de réponse définitive ou correcte. La société est divisée », a constaté Oleksandra Koltsova, membre du conseil d’administration du diffuseur UA:PBC. Interrogée par la télévision hromadske.tv sur le représentant possible de l’Ukraine à l’Eurovision, Oleksandra Koltsova a répondu : « Il se peut que ce ne soit personne ».
Freedom Jazz, un trio de chanteuses qui était le deuxième choix du pays après Maruv, puis le groupe pop KAZKA, troisième choix, ont successivement annoncé qu’ils n’iraient pas à Tel Aviv mardi et mercredi. « Nous n’avons pas besoin d’une victoire à tout prix. Notre but est d’unir les gens avec notre musique, et non pas de semer la discorde », a expliqué KAZKA sur sa page Facebook, après des pourparlers avec UA:PBC. La participation à l’Eurovision a pris une tournure très politique ces dernières années en pleine crise entre la Russie et l’Ukraine, deux pays où le concours est très populaire.
L’Ukraine avait organisé l’Eurovision en 2017 grâce à la victoire l’année précédente en Suède de sa protégée Jamala, avec une ballade à propos des persécutions subies à l’époque soviétique par les Tatars de Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie. L’Ukraine avait alors interdit à la chanteuse russe Ioulia Samoïlova de participer au concours à Kiev car elle s’était produite en Crimée, suscitant déjà des accusations de « politisation » du concours. UA:PBC avait alors écopé d’une lourde amende.
Lundi, le diffuseur national ukrainien a annoncé ne pas avoir réussi à signer un accord avec Anna Korsoun, chanteuse de 27 ans dont le nom de scène est Maruv, les deux parties s’accusant de vouloir « politiser » le concours. L’une des exigences de UA:PBC était que Maruv accepte de ne plus se produire en Russie. Le diffuseur lui a reproché de ne pas vouloir être une « ambassadrice culturelle de l’Ukraine » et une « porte-parole de l’opinion publique ukrainienne dans le monde ».