Le chef de la diplomatie iranienne a présenté sa démission, mais celle-ci n’a pas été acceptée par Hassan Rohani, selon le ministère des Affaires étrangères du pays. Priés d’expliquer pourquoi M.Zarif voulait quitter son poste, deux analystes iraniens ont évoqué la situation qui s’est créée après le retrait américain du JCPOA.
Des pressions à l’intérieur du pays et des facteurs extrapolitiques ont influé avec une proportion presque égale la décision du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, d’annoncer lundi son départ, ont déclaré mardi Nabiullah Rashno, expert de l’Association iranienne de géopolitique (IAG), et Ali Reza Akbari, fondateur du Centre iranien d’études stratégiques et ancien vice-ministre de la Défense.
«Le facteur extérieur, c’est le problème du Plan global d’action conjoint (JCPOA), ainsi que le respect par les États signataires de leurs engagements […]. L’Iran a beaucoup compté sur les Européens, surtout quand les États-Unis se sont retirés de l’accord. La lenteur à obtenir des résultats souhaités lors des négociations avec les Européens a fortement influé sur le ministère iranien des Affaires étrangères et notamment sur son chef, M.Zarif. Et cela a provoqué des questions [au sein de la société iranienne, ndlr]», a estimé Ali Reza Akbari.
M.Rashno a aussi estimé que le départ des États-Unis du Plan global sur le nucléaire iranien et les événements qui l’ont suivi pourraient être l’un des facteurs ayant poussé M.Zarif, négociateur iranien aux entretiens de Vienne, à vouloir jeter l’éponge.
«C’est le résultat de l’ensemble des problèmes qui se posent au corps diplomatique du pays. Si un pays veut avoir une position logique sur la scène internationale et défendre ses intérêts nationaux et internationaux à différents niveaux, il doit avoir une vision claire de la situation globale», a noté M.Rashno.
Pour M.Akbari, si M.Zarif avait été remercié, cela constituerait un événement «très affligeant», parce que ce diplomate sait «très bien où, avec qui et comment négocier au niveau international, même sur des sujets très complexes, pour défendre la position iranienne», a ajouté M.Akbari.
Mohammad Javad Zarif, qui dirige la diplomatie iranienne depuis août 2013, a annoncé lundi sur Instagram avoir déposé sa démission, remerciant le peuple et le gouvernement du pays et s’excusant de ne plus pouvoir assumer ses fonctions. Cette annonce a provoqué de nombreuses spéculations sur ses motifs. Mais mardi soir, le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé que le Président, Hassan Rohani, avait maintenu le diplomate à son poste.L’accord sur le nucléaire iranien, intitulé Plan d’action global conjoint (JCPOA), a été signé à Vienne le 14 juillet 2015 par l’Iran, l’Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie. Il est appelé à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire en échange de la levée d’une partie des sanctions économiques internationales visant le pays. Le 8 mai 2018, Donald Trump a annoncé que Washington se retirait de l’accord, avant de signer un décret réinstaurant un certain nombre de sanctions anti-iraniennes.