L’agence de presse Reuters envisage de supprimer 26 postes dans son bureau français via un plan de départs volontaires, soit environ 30 % des effectifs en France, dans le cadre d’un vaste plan de réorganisation du groupe dans le monde, selon une source syndicale.
Le projet, présenté mercredi aux organisations syndicales, vise un plan de départs volontaires sur 25 postes auquel s’ajoute le non-remplacement d’un départ à la retraite et 4 créations de postes, a rapporté jeudi Le Point.
Il s’agirait de supprimer les services d’édition qui travaillent exclusivement en français (appelés « desks » dans les agences), ainsi que les chefs intermédiaires (les adjoints) et le rédacteur en chef du service France, afin de réorganiser la rédaction en pôles bilingues, détaille un délégué syndical.
En comptant les pigistes, Reuters France emploie 84 journalistes, ce plan envisage donc la suppression de plus de 30 % des effectifs : « c’est massif et plus brutal que ce qui a été annoncé en Allemagne », estime-t-il.
« On est très inquiet, l’ambiance dans la rédaction est à l’abattement. On ne s’attendait pas à ça », poursuit-il, précisant que le plan est « totalement inacceptable pour les syndicats en l’état ».
Pour compenser la suppression du desk francophone, l’agence de presse prévoit notamment de faire monter en puissance son nouveau centre polonais de Gdynia, où des journalistes francophones ont été embauchés, mais aussi de recourir à la traduction automatique, croit savoir le représentant syndical.
« On va nous remplacer par des robots et des logiciels de traduction », déplore-t-il.
Les négociations (période d’information-consultation) devraient débuter le 11 mars.
L’agence de presse a déjà annoncé la suppression de nombreux postes en Europe (16 postes en Italie, 10 en Allemagne, la fusion des bureaux portugais et espagnol, des suppressions de postes à Londres…).
Au total, le groupe de médias et services américano-canadien Thomson Reuters, auquel appartient l’agence Reuters News, souhaite supprimer d’ici deux ans 3.200 emplois (environ 12 % des effectifs) dans le cadre d’un plan de restructuration entraînant la fermeture de 30 % de ses bureaux dans le monde.
Le groupe a cédé l’an dernier à Blackstone sa division « Financial and Risk », qui comprend les terminaux financiers et les données de marché qui les alimentent, afin de se réorienter vers le conseil juridique et fiscal ainsi que l’information.
Dans le cadre de cette transaction, Blackstone doit verser chaque année et durant 30 ans, 325 millions de dollars à Reuters News, qui lui fournira en échange ses informations.
Mais l’agence, qui emploie 2.500 journalistes, souhaite réduire sa présence mondiale pour opérer en 2020 dans 133 villes contre plus de 200 aujourd’hui.
Reuters News est l’une des trois grandes agences de presse mondiales, aux côtés de l’Agence France-Presse (AFP) et de l’Américaine Associated Press (AP). Ces médias alimentent en informations leurs clients -journaux, magazines, télévisions, radios- qui sont affectés par l’érosion du lectorat et la chute des revenus publicitaires.
L’AFP prévoit de son côté la suppression nette de 95 postes sur cinq ans dans le cadre d’un « plan de transformation » qui vise à ramener le résultat net de l’entreprise à l’équilibre en 2021.