Les contestations naissantes en Algérie contre un 5e mandat de Bouteflika mobilisent «en temps le Président», a confié à l’AFP un ministre français. Paris est particulièrement inquiet en ce qui concerne la sécurité, l’immigration et les retombées économiques d’une instabilité dans son ancienne colonie.
Un ministre a confié à l’AFP qu’Emmanuel Macron suivait de très près l’évolution de la situation en Algérie. Dans ce sens, Le Figaro précise que Paris multiplie les appels avec son ambassadeur à Alger, ce qui est rare. L’Obs ajoute même que celui-ci a effectué un aller-retour rapide afin de s’entretenir avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
Les raisons de cette attention sont multiples. Le ministre interrogé par l’AFP explique que de nombreux secteurs allant de la sécurité à l’immigration en passant par l’économie sont potentiellement mis en danger par une instabilité en Algérie.En effet, près d’un million de personnes ont une double-nationalité franco-algérienne, estime le journaliste Mohamed Sifaoui, cité par Le Parisien. Ce qui, avec leur famille, équivaudrait à environ 15 millions de personnes pouvant potentiellement prétendre à venir en France.
De plus, les échanges économiques entre les deux pays représentent près de cinq milliards d’euros, selon BFM TV. Comprenant entre autres une usine de Renault et une autre de PSA dans le pays. De même, 10% du gaz importé en France provient d’Algérie. Enfin, le blé français trouve en grande partie preneur dans ce pays.
La question de la sécurité serait elle aussi au centre de l’attention du Président de la République. Avec l’intervention de la France au Sahel, frontalier de l’Algérie, et la question de la lutte antiterroriste, une déstabilisation du pays pourrait se ressentir sur la France.Des milliers d’opposants à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la présidentielle ont manifesté vendredi 22 février dans plusieurs villes d’Algérie, dont Alger. Dimanche, des manifestants ont également défilé à Paris et dans la capitale algérienne. Ce vendredi 1er mars, d’autres manifestations «massives» sont attendues dans le pays.