Moscou met en garde la Géorgie contre son prosélitisme atlantiste

La Russie s’est dite préoccupée par les « exercices militaires de grande envergure effectués en Géorgie sous le commandement de l’Otan », et s’inquiète tout particulièrement de ce que son voisin du Sud Caucase, avec lequel elle entretient des relations pour le moins tendues, « entraîne d’autres pays de la région dans ces exercices, par exemple, l’Arménie”…

Ces inquiétudes ont été exprimées par le vice-ministre des affaires étrangères et secrétaire d’Etat russe Grigory Karasine, dans une interview accordée au quotidien moscovite Kommersant à l’issue d’une rencontre avec le représentant spécial du premier ministre géorgien Zurab Abashidze à Prague. Avant la rencontre, Grigory Karasine avait fait savoir qu’il entendait “mettre en garde la partie géorgienne contre de possibles surprises, qui pourraient avoir des conséquences déplaisantes pour chacun des pays”.

Après la rencontre, avec Z. Abashidze, G. Karasine avait notamment déclaré : “L’agenda de l’Otan révèle avec toujours plus d’évidence la politique étrangère de la Géorgie. L’Otan y fait toujours plus régulièrement des exercices militaires, et la Géorgie y entraîne d’autres pays de la région, par exemple l’Arménie. Les responsables politiques géorgiens invoquent une stratégie induite par l’appartenance de leur pays à l’Otan, et la prétendue “menace russe pesant sur l’ensemble de l’Europe démocratique”, etc… Il est un fait que cela nous offense. Cela ne facilite pas le renforcement du climat d’entente mutuelle entre la Russie et la Géorgie », a souligné le diplomate russe, dans une allusion aux espoirs de normalisation dans les relations entre les deux pays, toujours très tendues depuis la guerre éclair d’août 2008 qui avait renforcé la tutelle russe sur les régions séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, espoirs nés après les élections de 2018 qui avaient amené au pouvoir à Tbilissi un gouvernement moins hostile à Moscou. « Tbilisi doit décider et choisir, entre un climat régional apaisé ou l’agenda euro-atlantiste. Concilier les deux serait difficile et pourrait entraîner des conséquences fâcheuses » a poursuivi le diplomate russe en faisant remarquer que « si les activités militaires de l’Otan s’intensifient dans le Sud Caucase, des problèmes surgiront tôt ou tard. Nous nous rappelons tous comment ont commencé les problèmes en Ukraine.

La question se pose aujourd’hui ici exactement dans les mêmes termes », a poursuivi G.Karasine qui rappelons-le, avait déclaré en décembre 2018 : “ Le Kremlin espère que le nouveau gouvernement d’Arménie trouvera le courage de résister au chantage et aux pressions de la partie américaine”. Autant dire que la participation de l’Arménie aux exercices de l’Otan en Géorgie, aux côtés d’ailleurs de contingents turcs et azéris entre autres, n’est pas un gage de loyauté aux yeux de Moscou, même si dans le même temps, le gouvernement de Pachinian a montré sa fidélité à l’alliance avec le Russie, en dépêchant des médecins militaires et autres soldats arméniens en Syrie, au grand dam des Américains, qui n’ont pas apprécié non plus la volonté arménienne de développer les relations avec Téhéran, où N.Pachinian effectuait récemment une visite officielle.

Par ailleurs, l’Arménie et la Russie auraient signé de nouveaux contrats en vue de la livraison d’armes russes à l’armée arménienne. Jeudi 28 février, citant le ministère russe de la défense, l’agence de presse Interfax rapportait que les contrats avaient été signés à Moscou par le vice-ministre arménien de la défense Davit Pakhchanian et les responsables du secteur militaro-industriel russe, sans donner plus de détails. Dans un communiqué laconique le ministère arménien de la défense lie ces nouveaux contrats à la récente visite effectuée par le ministre arménien de la défense Davit Tonoyan à Moscou où il avait rencontré son homologue russe Sergeï Shoygu et le chef de l’agence gouvernementale russe supervisant les contrats de ventes d’armes à l’étranger. Le service de presse deD.Tonoyan avait indiqué le 8 février que les deux ministres avaient évoqué à cette occasion la livraison à l’Arménie d’armements sophistiqués et notamment de missiles de haute précision, qui accorderaient aux forces arméniennes l’avantage de la dissuasion, une « supériorité préventive » sur d’éventuels agresseurs.

On n’avait toutefois pas précisé alors la nature de tels armements. Début février, Erevan avait confirmé la signature d’un contrat russo-arménien portant sur la livraison de 4 avions de combat russes de dernière génération, de type Sukhoi Su-30SM, aux forces aériennes arméniennes qui dispose jusqu’ à présent d’un arsenal très modeste. D. Tonoyan avait ajouté quelques jours après que Erevan cherchera à se doter d’autres chasseurs de ce type, après avoir reçu le « premier lot, au début de l’année prochaine”.

Lien