Après la réticence à réagir de la diplomatie française face à la situation en Algérie, le secrétaire d’État Jean-Baptiste Lemoyne a de nouveau fait preuve de prudence sur les ondes de RFI, avant d’expliquer la position de Paris.
La France suit avec attention l’évolution de la situation en Algérie, mais s’abstient de toute critique, et pour cause: tout commentaire «a un poids», a déclaré mardi Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères sur les ondes de RFI.
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«Les mots ont un poids et on sait à quel point ce poids est important dans la relation entre la France et l’Algérie […]. Vous ne verrez pas d’effet de manche de ma part ce matin. Nous sommes évidemment extrêmement attentifs à tout ce qui se passe en Algérie depuis maintenant deux semaines, puisque l’Algérie est un pays ami, un pays partenaire important avec lequel on a des liens extrêmement forts», a indiqué M.Lemoyne.
À la question de savoir pourquoi la France parlait si prudemment de l’Algérie, alors qu’elle avait été beaucoup «moins frileuse» en s’exprimant récemment sur les manifestations au Venezuela, M.Lemoyne a déclaré que son pays aimerait s’abstenir de commentaires pareils à ceux entendus de la part de pays «amis et voisins», concernant notamment le mouvement des Gilets jaunes.
«C’est l’histoire commune [franco-algérienne, ndlr], mais c’est aussi naturellement la bienséance des relations entre États. La France, lorsque des pays amis et voisins ont commenté telle ou telle mobilisation dans notre pays, ne l’a pas forcément très bien pris. Et par conséquent, on s’abstiendra de mêmes méthodes vis-à-vis de nos voisins.
En plus, selon le secrétaire d’État, «on ne peut vraiment pas comparer le Venezuela et l’Algérie».
Il a encore répété que c’était maintenant au «peuple algérien souverain de choisir ses dirigeants» et de décider de son avenir, la position déjà exprimée la veille par le ministère des Affaires étrangères.Lundi, au lendemain de la date butoir de dépôt des candidatures à la présidentielle en Algérie, le Quai d’Orsay a déclaré que Paris avait «pris note de la candidature du Président Abdelaziz Bouteflika», espérant que le vote se déroulerait dans les meilleures conditions possibles.
Au pouvoir depuis 1999, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, a annoncé le 20 février qu’il se présenterait pour un cinquième mandat. Des actions de protestation se déroulent dans plusieurs villes d’Algérie, dont Alger, suite à cette annonce. Les manifestations du 1er mars ont fait un mort et 183 blessés, selon l’Algérie Presse Service. Dans sa lettre lue le 3 mars à la télévision nationale, le Président Bouteflika a promis de ne pas servir tout le 5e mandat s’il était réélu le 18 avril, et d’organiser une présidentielle anticipée dont la date serait arrêtée par une «conférence nationale», mise en place après le scrutin.