La fille de l’ex-président ouzbek Islam Karimov, un temps toute puissante avant de tomber en disgrâce, a été emprisonnée pour avoir enfreint son assignation à résidence, a annoncé aujourd’hui le parquet de ce pays d’Asie centrale.
Goulnara Karimova, 46 ans, fille aînée du président mort en 2016 après plus de 25 ans au pouvoir, avait été condamnée en 2017 à 10 ans de prison pour des fraudes, détournement et recel de devises étrangères atteignant des sommes gigantesques. L’année dernière, cette peine avait été commuée en cinq ans sous résidence surveillée. Le parquet ouzbek a annoncé aujourd’hui que Goulnara Karimova avait « enfreint de manière répétée les conditions imposées par le tribunal » et utilisé divers « moyens de communication » dont internet malgré les avertissements. Elle aurait quitté son appartement en novembre et refusé de payer des compensations à l’Etat.
Hier, un tribunal a ordonné que le temps restant de sa peine soit purgée en prison, a ajouté le parquet sans fournir davantage de détails. L’avocat de Goulnara Karimova, le Suisse Grégoire Mangeat, a indiqué sur Twitter que sa cliente avait été « sortie de force de l’appartement dans lequel elle résidait à Tachkent », la capitale. Il a publié une photographie de faible résolution qui semble montrer une femme en robe bleue et chaussons roses en train d’être tirée par deux hommes. « Les autorités ouzbèkes continuent d’exercer sur elle une pression physique et psychologique pour qu’elle abandonne ses appels en justice et tous ses droits et propriétés en Suisse », a affirmé l’avocat, dénonçant des « méthodes totalement arbitraires ».
Le sort de Goulnara Karimova a longtemps fait l’objet de multiples rumeurs. La justice ouzbèke l’accuse de faire partie d’un groupe criminel contrôlant des actifs représentant plus d’un milliard d’euros dans 12 pays, dont des propriétés à Londres, Dubaï, un château près de Paris ou encore une villa à Saint-Tropez. Un temps pressentie pour prendre la succession de son père, qui a passé plus d’un quart de siècle à la tête de cette ex-république soviétique, Goulnara Karimova est tombée en disgrâce après avoir comparé son père à Staline et s’être publiquement attaquée à sa mère et à sa soeur.
Ancienne ambassadrice de son pays à l’ONU mais aussi connue pour avoir organisé des défilés de mode, lancé une ligne de bijouterie ou interprété des chansons pop, elle a été citée aussi dans des affaires de corruption à grande échelle dans de nombreux pays, en Europe et aux Etats-Unis.