Droits des femmes : les «oubliées» d’Outre-mer

Les luttes des femmes dans les Outre-mer sont trop souvent « oubliées ou minorées », ont dénoncé aujourd’hui la politologue féministe Françoise Vergès et le député européen (LFI) Younous Omarjee, à la veille de la Journée internationale de la femme.

« Ces luttes des femmes des Outre-mer contre l’esclavage et la décolonisation ont contribué à l’émergence et à la consolidation des combats féministes », a expliqué Younous Omarjee lors d’une conférence de presse à Paris, mais « la plupart des mouvements féministes ultramarins (…) sont oubliés dans les célébrations et l’histoire », a regretté Françoise Vergès. De plus en Outre-mer, les femmes « continuent aujourd’hui d’être plus précaires et plus vulnérables » que dans l’hexagone, insiste Françoise Vergès, avec moins d’accès à l’emploi, à l’enseignement supérieur, et des taux de violences faites aux femmes très élevés.

Selon une étude de l’Insee publiée aujourd’hui, en 2017 à La Réunion, seules 43% des femmes de 15 à 64 ans ont un emploi, contre 52% des hommes. Une femme sur cinq « élève seule ses enfants » et « six femmes sur dix élevant seules leurs enfants sont pauvres ». « Il y a une continuité dans la manière dont en Outre-mer on a traité les femmes et dans la manière dont on continue à les traiter », a regretté Younous Omarjee. Tout deux ont aussi mis en cause « la société post-colonialiste » qui « aggrave la situation des femmes ». Ils ont notamment rappelé le scandale des avortements et stérilisations forcés pratiqués dans les années 1960 dans une clinique de Saint-Benoît à La Réunion.

Une trentaine de députés ont demandé en janvier la création d’une commission d’enquête sur ce scandale peu connu. « Le réflexe est toujours de jeter le voile sur les Outre-mer, c’est toujours la même histoire de la négation du crime », a déploré Younous Omarjee. Il faut « un acte fort, réel » de l’Etat, assorti d’une « réparation » pour ces femmes, a plaidé Françoise Vergès. Cela pourrait passer selon elle par « un fond créé pour venir en aide aux femmes, des bourses d’études, ou des programmes pour les plus précaires ».