Après l’hommage rendu à Adam et Fatih, deux jeunes de la cité tués en scooter en tentant d’échapper à la police, des troubles sont survenus à Grenoble, pour la quatrième soirée nuit consécutive.
Après un bref moment d’apaisement, le quartier du Mistral, à Grenoble, a connu une nouvelle soirée de violences, mercredi 6 mars. Alors que la journée avait été marquée par un hommage rendu à Adam et Fatih, deux jeunes de la cité tués en scooter en tentant d’échapper à la police samedi dernier, des troubles sont survenus vers 21 h 00.
Plusieurs voitures ont été retournées et incendiées tandis que des pierres et des cocktails molotov étaient lancés depuis les toits des immeubles sur les forces de l’ordre. Plusieurs fourgons de forces de l’ordre se trouvaient sur place. Et la police a effectué des fouilles dans les parties communes de plusieurs tours du quartier. Tard dans la soirée, deux personnes porteuses d’objets dangereux (couteaux, mortiers, jerricane d’essence…) ont été interpellées, a indiqué la préfecture.
Dans l’après-midi, une « marche blanche » silencieuse avait rassemblé quelque 1 500 personnes pour rendre hommage aux deux jeunes. L’imposant cortège s’était mis en route vers 16 h 30 derrière une banderole portée par des proches et sur laquelle était inscrit « Adam et Fatih, plus jamais ça ! ». De nombreux participants tenaient des roses blanches et certains portaient des tee-shirts en hommage aux défunts.
Leur décès avait déjà entraîné trois nuits consécutives de troubles dans ce quartier sensible avant un retour très relatif au calme mardi. De nombreux habitants de cette cité tiennent les policiers pour responsables de l’accident ayant coûté la vie aux deux garçons de 17 et 19 ans. « Que justice soit faite ! », réclamait une banderole dans la foule.
Selon le parquet, Adam et Fatih circulaient sans casque sur un scooter de grosse cylindrée, volé et dépourvu de plaques, lorsqu’ils ont trouvé la mort samedi soir en percutant un autocar, tandis qu’un véhicule de la brigade anticriminalité les suivait.
Une information judiciaire a été ouverte pour éclaircir les circonstances du drame, mais le parquet évoque pour l’heure « un accident ». Les deux jeunes étaient connus des services de police pour des faits de petite délinquance.
« Les interrogations des familles – qui se sont constituées parties civiles – sont nombreuses », a souligné leur avocat Me Florent Girault lors d’une conférence de presse à l’issue de la marche blanche. « Qu’est-ce qui a pu conduire des services de police à prendre en chasse un scooter avec un mineur et un jeune majeur ? […] Qu’est-ce qui pouvait fonder une telle prise de risques ? C’est sur les circonstances exactes de ce soi-disant accident que les familles attendent des réponses », a-t-il poursuivi, évoquant des vidéos plus éclairantes sur le déroulement des faits que les vidéos officielles.
« Jusqu’à quel point l’autorité de police peut faire prendre des risques à deux usagers, et conduire un quartier dans un tel état d’émoi ? Ces réactions de colère, on peut les comprendre », a estimé l’avocat.