Le gouvernement de Juan Guaido, Président en exercice autoproclamé du Venezuela, pourrait être qualifié d’illusoire. Tout le monde en parle, mais personne ne peut prouver qu’il existe bel et bien, a estimé Arantxa Tirado, politologue et femme de lettres espagnole, qui a vécu au Venezuela en 2011 et y revient depuis quelquefois.
Le blocus et la crise économique provoquée par celui-ci ont beaucoup affecté le peuple vénézuélien, a reconnu la politologue espagnole Arantxa Tirado, spécialiste des relations internationales et de l’Amérique latine, commentant ses impressions, recueillies lors de son dernier voyage au Venezuela, en février.
L’interlocutrice de l’agence, qui a vécu au Venezuela en 2011 et y est revenue par quatre fois depuis, a avoué y avoir été confrontée à une hyperinflation et à des difficultés pour acheter certains produits.
«Qui plus est, il s’agissait d’une éventuelle invasion militaire, d’une agression de la part du Président autoproclamé Guaido et de son gouvernement que je n’ai évidemment trouvés dans aucune des rues de Caracas, mais qui ne cessent de créer de la tension», a raconté Mme Tirado.
Et d’ajouter qu’elle s’attendait à y voir des barricades à chaque coin de rue, comme en 2017. Tel était du moins le tableau dans la capitale vénézuélienne, peint par les médias espagnols. Mais il n’en était rien. Tout indique que les États-Unis n’ont pas réussi à réaliser leur scénario.
«Il aurait été impensable dans un autre pays que quelqu’un se proclame Président, appelle à une intervention militaire, sape l’ordre constitutionnel, qualifie d’usurpateur le Président légitime, fasse une tournée à travers des pays tiers, dont les Présidents soutiennent une tentative d’assaut de la frontière vénézuélienne [pour acheminer une aide humanitaire collectée par l’opposition au Venezuela, ndlr] qui a eu lieu le 23 février à Cucuta et rentre [dans le pays, ndlr]», s’est indignée l’Espagnole.
Selon cette dernière, l’acheminement de l’aide humanitaire au Venezuela n’intéressait nullement Juan Guaido, il ne s’agissant en réalité que d’un spectacle à l’intention des médias internationaux.
Le gouvernement vénézuélien a souligné que l’aide humanitaire ne pouvait être accordée que dans le cadre du droit international et prévenu qu’il n’avait pas l’intention de laisser entrer dans le pays les cargaisons collectées par l’opposition. Caracas a indiqué qu’il n’y avait pas de crise humanitaire au Venezuela et que les tentatives d’acheminer une aide étaient une provocation servant à masquer une agression contre le pays.
«Le gouvernement de Guaido n’existe que sur les réseaux sociaux et dans les médias, et y apparaît même de moins en moins», a résumé l’interlocutrice.
Fin janvier, l’opposant vénézuélien Juan Guaido s’est autoproclamé Président en exercice du pays affecté par une grave crise économique et une inflation galopante. Donald Trump l’a alors reconnu comme Président par intérim.
Une cinquantaine de pays, dont le Royaume-Uni et l’Allemagne, ont suivi l’exemple de Washington. La France a également reconnu M.Guaido comme «Président en charge». La Chine, la Russie, la Turquie et le Mexique ont, eux, apporté leur soutien au gouvernement de Nicolas Maduro.
Le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, a déclaré que les États-Unis voulaient créer «une coalition aussi large que possible» afin d’assurer le transfert du pouvoir de Nicolas Maduro à Juan Guaido.