Une centaine d’Algériens et de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis en soutien aux mobilisations en Algérie voisine contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, a constaté une journaliste de l’AFP.
Le vent de liberté qui souffle sur Alger ravive à Tunis les souvenirs de l’euphorie de 2011, quand des milliers de manifestants avaient réussi à faire chuter la dictature. Seule rescapée des printemps arabes, la Tunisie poursuit tant bien que mal une démocratisation marquée par des crises politiques et économiques.
« Le peuple est réuni comme jamais auparavant en Algérie, je pense que cela peut tirer toute la région vers l’avant », se réjouit Aouoicha Bekhti, une militante et avocate algérienne de passage à Tunis.
« Il y a déjà le précédent tunisien, il y a eu aussi des révoltes en Algérie (…), cette fois on ne reviendra jamais en arrière », poursuit-elle.
« Algérie libre et démocratique = Algérie en sécurité », pouvait on lire sur une banderole déployée devant les manifestants. Une partie des Tunisiens s’inquiète aussi de voir l’Algérie voisine sombrer dans le chaos, à l’image de l’autre pays frontalier, la Libye, dont le conflit a eu de graves répercussions sécuritaire et économiques sur la Tunisie.
Une première manifestation de solidarité avec l’Algérie, qui n’avait pas été officiellement autorisée, avait été rapidement dispersée par la police à Tunis le 1er mars.
La coopération entre les autorités algériennes et tunisiennes est essentielle pour venir à bout des groupes armés extrémistes qui opèrent dans les régions montagneuses frontalières, où les incidents restent récurrents.
Les responsables tunisiens n’ont d’ailleurs que très peu communiqué sur la situation algérienne.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a déclaré le 25 février à Genève que le peuple algérien était « libre de s’exprimer comme il l’entend sur sa gouvernance ». « Chaque pays a ses propres règles, et je n’ai pas le droit de donner des leçons à qui que ce soit », avait-t-il toutefois nuancé.
Depuis le début de la contestation déclenchée par la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et très affaibli, la diaspora algérienne a été particulièrement active, notamment en France.